« Par la dénégation, nous, les démoralisés que nous sommes tous plus ou moins, tentons cependant de garder le sommeil — et ce qui l’accompagne de rêves —, mais nous dormons et rêvons de moins en moins. » (Bernard Stiegler - Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? Éditions Les Liens qui Libèrent, 2016)
Avec ses millions de pauvres et de laissés pour comptes, est-ce bien ton monde ?
Est-ce bien le mien, le nôtre, celui qui nous réconcilierait avec nos rêves ?
Ma génération pourtant n’a cessé d’y croire.
Ce n’était hélas que croyance dans un monde coupé en deux et qui finirait par se réunifier mais sous l’égide du pire.
Pourtant nombreux, nos mots n’eurent aucune influence sur le sort du monde.
De coup d’Etat et fausses démocraties, regarde en quel pitoyable manège nous avons été étourdis !
Adoptant les formes du passé comme lois immuables, prisonniers de dogmes sans fondement, les malins qui tenaient les cordons de la bourse riaient !
Ha ! Comme ils riaient de nous voir, comme papillons de nuit, brûler nos ailes aux lumières des « -ismes ».
Puis retomber dans l’ornière de nos petites familles bien sages, de nos petites maisons achetées à force de crédits, hypothéquant nos vies avant même de les avoir vécues.
Pitoyable spectacle qu’une génération enfermée dans l’impasse.
Pitoyable image que nos échines lentement courbées sous le joug de la sainte consommation.
Pitoyable résultat obtenu sous les coups des forces du désordre.
Xavier Lainé
7 décembre 2020
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