De quoi saurais-je être encore porteur en ce monde ?
Quelque chose a failli en nos vies.
Toute une génération incapable d’imposer l’autre monde dont elle rêvait.
Anéantis par le néant abyssal ouvert derrière nous, aurions-nous encore le moindre mot d’encouragement ?
Pardon aux enfants, pardon aux générations suivantes, à celles qui vont arriver, une fois notre dernier tour de piste effectué sous les huées.
Nous n’avons rien vu venir.
Nous avons manifesté sans rien voir.
Sans rien voir de l’héritage absurde ni des discours vains.
Marx et Engels érigés en dieux au panthéon de l’avenir, nous brandissions nos pancartes dans un monde figé d’avance.
Un mur se dressait et nous n’avions pas d’échelle pour voir au-dessus.
Nous sentions bien pourtant l’impasse et le mur.
Un jour, nous l’avons démoli, ce mur bien réel, sans voir qu’il n’était que le couvercle d’une boite de Pandore terrible.
Nous n’avions pas la hauteur de vue.
Il n’est resté que l’impasse.
Nous n’avions ni hauteur de vue, ni moyens de dépasser les outils propres à laver les cerveaux.
Nous avons brisé le mur.
Nous avons cru au symbole d’un homme noir entrant en Maison Blanche.
Nous avons avalé toutes les couleuvres d’un monde livré aux plus grossiers appétits.
Une génération s’est perdue dans les filets d’un nihilisme tournant à la farce.
À la farce si celle-ci ne se chiffrait en million de victimes.
Xavier Lainé
5 décembre 2020
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