lundi 7 décembre 2020

Lettre du bord du gouffre 39

 




Je ne devrais pas écouter les informations.

Je ne devrais pas.

Les voilà qui décortiquent discours du stratège atmosphérique avant même qu’il soit prononcé.

Je ne devrais pas.

C’est comme un avant goût de Corée du Nord, au moment de prendre mon café.

Comme un goût de dictature qui ne dirait pas son nom.

Un goût âcre et rance, un goût de déjà vu en tant et tant d’autres lieux.

Un homme parle, qui a un aspect tout à fait convenable.

Il est issu du sérail, de cette engeance qui a le bon goût de ne pas tremper dans le pire, du moins en apparence.

Un homme parle qui n’est déjà plus un homme, mais, se prenant pour un roi, n’est que sujet d’autres qui tirent ficelles.


L’argent n’a pas d’odeur, qu’ils disent.

Mais si, sentez donc cette odeur âcre, cette odeur rance.

Pendant que l’homme bien mis parle, d’autres sur une place écrasent de leurs bottes des enfants sous des tentes d’infortune, d’autre encore matraques et tirent sans état d’âme, tristes sujets d’un roi sans envergure dont le masque tombe, ne cesse de tomber.


L’homme parle.

On décortique ses paroles avant même qu’elles soient prononcées.

Le texte est écrit d’avance.

Il met des barbelés sur nos consciences.

Il pose des miradors pour surveiller nos libertés.


L’homme bien mis parle, prononce les mots que d’autre ont écrit pour lui.

Ce serait une insulte pour les marionnettes que de lui donner ce nom.

C’est un question d’argent dans un monde bâti autour de ce temple : une corbeille boursière dans laquelle la vie ne compte pas.

Mais pas un mot, n’est-ce pas ?


A suivre...


Xavier Lainé


28 novembre 2020 (1)


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