De mise en ordre en rangement, voici que surgissent d’une longue nuit les traces.
Ce sont preuves écrites d’une vie d’avant qui flambait encore sous le nom d’enthousiasme.
Voici le mot bouclé, éreinté sur l’autel des nécessités.
Tu ne vis plus, tu gagnes chaque jour un jour de plus à survivre.
Ecrire est le dernier filin qui te relie au vaisseau terre.
Tu ne sais pas quoi en faire, mais il est bien là, le fil.
Il te tient depuis si longtemps qu’il envahit tout l’espace et que tu n’auras pas assez de ton restant de vie pour y mettre un peu d’ordre.
Malgré tous tes efforts, il t’en échappe toujours des fragments.
Parfois les mots retrouvés se font couteau dans ta plaie de survivre.
Tu aurais aimé qu’il en fut autrement.
Tu en as tellement rêvé d’une vie tendre et paisible où l’art trouverait toute sa place.
Tu ramasses, en milliers de pages éparpillées, les fragments de ton espérance.
Toujours tu te seras heurté à ce monde.
Toujours tu auras tendu tes mains fiévreuses au secours de toutes les souffrances.
Toujours tu seras resté, au crépuscule de tes jours, sur ta faim d’humanité.
Ce monde s’est spécialisé dans la fabrication des monstres.
Ceux-là qui exigent, vitupèrent, revendiquent, rien que pour eux, toutes formes d’existence, sans rien donner.
Ce monde ne sait plus ce qu’est le don, le don de soi, l’oubli de soi pour offrir mots en partage.
Xavier Lainé
12 décembre 2020
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