Abîmées, oui, comme plongées dans un abîme, ensevelies sous des tonnes de pensées réductrices.
On vous a laissé désapprendre à prendre soin de vous.
On vous a laissé comme proie d’une industrie dont vous n’êtes qu’une variable d’ajustement.
On vous a réduits à ces lignes dans nos cahiers de compte.
Ce qui comptait depuis les années soixante dix, c’était moins l’ambition de vous voir en bonne santé que celle de vous réparer infiniment.
Nous nous sommes perdus avec vous dans ces fonds sans âme où vous errez en colonnes de chiffres randomisées.
Nous avons noyé avec acharnement notre humanité et la vôtre dans les gouffres sans limite d’un système qui tire profit de vos potentielles maladies.
Ici vous n’êtes plus ce que vous croyez être : vous n’êtes que des malades en sursis.
Les dividendes ont besoin de votre mal être, de votre mal vivre, de vos symptômes avant même qu’ils apparaissent.
Et vous êtes vus ainsi : comme des machines au même titre que votre voiture, votre réfrigérateur, votre fer à repasser, votre machine à laver.
Il suffisait d’un petit coup de bistouri et vous voilà réparés.
Qu’importe l’usure de cette « machine » sur la chaine d’un monde qui vous traite comme esclaves d’un nouveau genre, comme animaux de traits.
Dans ce monde qui ne sait plus rien de la vie et de sa complexité, d’une molécule, d’un ARN messager on prétend vous « guérir ».
On oublie la constante du temps (même si le temps n’existe pas), qui ne vous ramène jamais à votre point de départ.
Vous ne revenez jamais en arrière sur cette échelle.
Vous ne pouvez toujours qu’aller de l’avant et donc ne pouvez qu’apprendre de ce que vos symptômes cherchent à vous dire de votre vie.
Xavier Lainé
4 janvier 2021 (3)
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