mardi 19 janvier 2021

Entre crépuscule et aurore 34

 




Ce sera sans regrets donc qu'il faudra quitter l'an.

Sans regrets mais sans voeux dont nous savons qu'ils ne retombent jamais voire même se retournent contre leurs auteurs.

Ce n'est pas encore l'heure, juste une anticipation, une leçon à tirer d'une année sans : rien n’arrive à qui se contente d'attendre et d'obéir.

Qu'un pouvoir se complaise à détourner les mots de l'histoire ne change rien à l'affaire.

Tant que nous accepterons cette soumission (volontaire ou non), la nuit ne saura que s'étendre toujours sur planète saccagée.

Plus que quelques heures pour réfléchir, apprendre, faire travailler nos imaginations et avancer vers nos rêves.


« La guerre, la destruction, le massacre sont notre Constitution intime. C’est notre faute, notre chute, notre honte qui sont au fondement de l’ordre où nous vivons. » Camille de Toledo, Le hêtre et le bouleau.


Ça ne coûte pas grand chose, juste un peu d’argent (ou beaucoup, mais à ce niveau, on ne compte plus !) de construire des mausolées.

Même celui qui fut autour de la centrale de Tchernobyl finit par se fissurer.

Comme finiront bien par rouiller les oeuvres d’art, les dalles de béton symbolisant nos « plus jamais ça » !

Si nous n’avions pas la mémoire qui rouille, qui flanche, qui part en lambeaux, aurions-nous accepté l’inacceptable imposé, ce couvercle posé sur nos vies, nos amours, nos imaginaires ?

Plus que quelques heures pour enterrer une année comme nous ne cessons de les enterrer, chaque année, dans un rituel qui finit par prendre goût de rance et de moisi.

Il me prend de ne pas me contenter de faire péter le bouchon d’un champagne, d’en étendre l’onde de choc à toutes les cervelles endormies sous un manteau neigeux qui ne nous blanchira pas de la honte  et de l’indignité.


Xavier Lainé


31 décembre 2020 (2)


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