lundi 1 février 2021

Sourde colère 12 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 1)

 




« L’inharmonie préétablie ménage dans le passé accompli et irréversible ce qui reste à venir, c’est à dire le futur comme une zone ouverte. » 

Bernard Stiegler - Qu’appelle-t-on panser 1. L’immense régression. Éditions Les liens qui libèrent, 2018


Qu’un si petit virus souligne toutes les tares d’un système, voilà qui devrait nous ébranler dans nos certitudes établies. Il semble que le doute ne soit pas compatible avec le stade de développement de nos sociétés.

Nous avançons, l’oeil rivé sur des baromètres prétendus scientifiques qui évoluent en courbes statistiques, en algorithmes éloquents, au mépris d’un réel qu’ils bousculent avec un rire sardonique.


De même il semble terriblement compliqué de tirer leçon de nos expériences, de remettre en question ce qui n’a pas fonctionné, non pour obtenir un « résultat satisfaisant », mais pour tenter notre chance dans d’autres dimensions qui laissent libre cours à nos imaginations fertiles.

Quoi, nos vies seraient donc vouées à devenir ces ombres dans un tableau apocalyptique ?

Je ne sais pourquoi, ma pensée s’égarait vers les tableaux de la famille Brueghel. C’était une erreur, c’est vers Théodore Géricault qu’il me fallait me tourner. Pas le Géricault préoccupé de la gloire et de la chute du tyran napoléonien. Non, plutôt celui du radeau de la Méduse et des naufrages, celui imaginant le déluge. 

Une fois vécu ces apocalypses, saurions-nous trouver les potentiels actifs capables d’inventer, jour après jour, le monde et ses rouages huilés d’harmonie dont nous avons tant besoin, que nous avons tant rêvés ?

Tant de forces et d’efforts sont à l’oeuvre, en particulier parmi la jeunesse : nombre ont compris qu’il n’avaient rien à attendre d’un univers qui leur ferme la porte au nez, alors, ils s’inventent un futur qui soit comme une porte ouverte.


Xavier Lainé


10 janvier 2021


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire