dimanche 14 février 2021

Sourde colère 25 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 1)

 




"En réalité, pour la majorité des peuples, le développement a constitué un processus dans lequel l’individu, arraché à son passé et propulsé dans un avenir plein d’incertitude, se retrouve en fin de compte au bas d’une échelle économique qui ne mène nulle part." 

Wade Davis, Pour ne pas disparaître, éditions Albin Michel, 2011


Il y a d’un côté la vie et de l’autre l’ogive.

L’ogive comme une menace, sourde, discrète, dont on ne te parle pas.

Sinon en colonnes de chiffres blindées.

Il y a d’un côté nos vies, et en face l’ogive.

L’ogive comme preuve de cette guerre, sans fin ni traités, que les dividendes mènent à ceux qui n’ont rien.

Ce n’est pas rien que cette guerre.

Cette guerre qui plane d’ogives en ogives, qui demain pourraient nous faire sauter avec la terre qui nous porte.

Cette guerre sans nom qui nous prive et nous saigne avant même d’exploser.


Il y a d’un côté nos vies, multiples, diverses comme nos opinions, comme nos cultures et nos philosophies.

Il y a de l’autre les ogives dirigées vers des ennemis imaginaires : car qui pourrait affirmer que nous aurions des ennemis sur cette terre finie ?

Sur cette terre épuisée de guerres qui ne concernent pas le vivant mais les dividendes.

Cette guerre que des stratèges fomentent au risque de se détruire eux-mêmes.

Cette guerre qui détourne tant de dividendes de nos nécessités impérieuses de vivre, apprendre, nous cultiver, nous soigner.

Toutes choses que les fins stratèges d’un monde fini prétendent « non essentielles ».

Car leurs yeux, les yeux des stratèges, ne voient que colonnes de chiffres.


Xavier Lainé


21 janvier 2021 (2)


1 commentaire:

  1. je vais envoyer ce texte à l'ICAN ! Au plus je le lis, au plus je comprend qu'il pointe du doigt une vérité infaillible.

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