"Quand on est libre on ne se contente pas de manger, on se déplace aussi."
Robert Antelme, L’espèce humaine, éditions Tel Gallimard, 1957
Peut-être pourrions-nous être assez nombreux à penser, les yeux ouverts sur une réalité qui se sert du virus comme d'un masque cachant bien mal les exactions d'un monde qui ne sait rien de la vie ?
Car nous sommes libres, n’est-ce pas ?
Libres d’aller et venir, de lire, écrire, mettre en commun nos pensées sans que nul ne vienne y mettre son grain de sel.
Si ce n’est plus le cas : dans quel pays vivons-nous qui au nom de la préservation des plus fragiles, laissant les plus précaires à leur errance, vient nous restreindre dans nos droits humains les plus essentiels : nous cultiver, réfléchir ensemble autour d’une bière et d’un café, écrire et distribuer nos écrits, prendre parole où bon nous semble.
Que dire d’un tel pays ou d’un tel monde sinon que déjà notre humanité ne peut qu’y agoniser, étouffant sous le masque d’une démocratie réduite à la seule expression d’un unique courant ?
Pourtant nous en sommes presque là.
Presque là, au bout de nulle part.
Presque là ayant suivi le chemin des renoncements sans fin.
Pour survivre, que pourrions-nous abandonner encore de notre dignité ?
De jour en jour s’étend la nuit.
S’étend tellement qu’on ne verrait même plus la moindre aurore.
Le froid s’étend avec elle, glaçant nos colères d’avoir à subir le joug.
Errez donc, âmes en peine de vivre !
Errez puisque désormais nous voici plongés en l’océan absurde.
Il nous faudrait un levier pour faire se lever le jour.
Xavier Lainé
18-19 janvier 2021
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