lundi 8 février 2021

Sourde colère 19 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 1)

 




"On ne peut donc jamais dire : il n’y a rien à voir, il n’y a plus rien à voir. Pour savoir douter de ce que l’on voit, il faut savoir voir encore, voir malgré tout. Malgré la destruction, l’effacement de toute chose. Il faut savoir regarder comme regarde un archéologue."

Georges Didi-Huberman, Ecorces, Les éditions de minuit, 2011


Ce que l’oeil a vu ou entrevu un jour se doit d’être mémorisé.

Une archéologie du regard s’impose à qui ne veut pas voir se reproduire les erreurs, les drames, les tragédies, les crimes du passé.

Lire derrière les masques de bienséance bourgeoise ce qui déjà glisse sur la pente de l’inhumanité.

Le drame est ici : combien n’ont pas voulu voir, ou n’ont vu que le masque trompeur de la jeunesse où il n’y avait que vielle baderne, ballon de baudruche avenant d’un capital à bout de souffle, qui a besoin de nous précipiter dans le chaos pour rebondir.

Quoi de mieux, comme ils l’ont déjà fait ici et là, que d’envoyer au front leurs avatars ?

La tragédie est justement que la mémoire soit si troublée qu’elle ne sache pas voir derrière la façade des discours mielleux, l’ombre des criminels qui de père en fils et parfois en fille, se transmettent le flambeau de la domination absolue.

Une fois arrivés à leur fin, ils usent et abusent de la colonisation de nos esprits pour nous détourner du juste combat : celui de notre libération. 

Les mêmes qui usaient de l’esclavage, qui inventèrent le prolétariat (pour économiser sur l’esclavage), qui au nom de leur soif  d’énergies fossiles et de biens de consommation à vendre aux miséreux, se mirent à dominer le monde, à user de génocides à peine voilés, les voici qui, ici même, prétendent nous imposer leur pouvoir sans partage.

Au nom de leur omniscience auto-proclamée, ils usent de la science dévoyée pour peser un peu plus sur nos épaules fatiguées.


Xavier Lainé


17 janvier 2021


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