"Trop d’allégresse annonce souvent de prochaines intempéries. A force de jubiler, nous ne voyions pas que nous n’étions devenus nos propres maîtres que sur le papier."
Alain Mabanckou, Le sanglot de l’homme noir, éditions Fayard, Points, 2012
Bien sur, jubiler à la première courte victoire, danser et chanter avec ce goût joyeux dans la bouche enfin sereine. Mais, si, jalousement, nous ne gardons pas un oeil sur et le souvenir ardent des luttes du passé nos victoires demeurent fragiles, toujours.
Nous ne savons pas ce que chaque empiètement sur les fortunes mal placées génère de frustration chez l’ennemi de classe.
Pardon de parler ainsi, et de l’écrire mais je répète : le cerveau de l’ennemi de classe n’est pas tout à fait formaté comme le nôtre.
Il ne cesse de calculer pour que profit s’ajoute à profit déjà là.
Qu’une seule parcelle de fortune soit enlevée pour être redistribuée, voilà l’outrage !
Où, naïfs, nous plaçons vains espoirs, eux capitalisent.
Nos mondes sont rigoureusement des mondes parallèles et sans communication possible.
Où tu calcule au centime près ta monnaie pour acheter ton pain, ils ajoutent à tes centimes des milliers de zéros à t’en flanquer le vertige et hésitent entre la voiture et le yacht de luxe.
Deux mondes parallèles mais dépendants.
La dépendance n’est pas du côté qu’on croit : où le pauvre apprend de haute lutte à survivre avec peu et donc à façonner un monde à sa dimension, le fortuné de bonne bourgeoisie, spéculant sur la dette des pauvres, a besoin d’eux pour s’enrichir toujours plus.
Ce que ne voient pas les pauvres, non par bêtise, mais par préoccupation à survivre dans le monde tordu imposé par les plus riches. Un monde où l’avenir est une ombre, certes, mais où, tous ensemble, nous pourrions rallumer les lumières.
Xavier Lainé
20 janvier 2021
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