Fut un temps où on en appelait à la conscience, cet oeil intérieur, cette force qui aidait à marcher sur le fil tendu entre bien et mal, noir et blanc, lumière et ombre.
Fut un temps, où, je me souviens, nous allions ânonnant la petite phrase de morale, dans les petits matins frileux d’automne.
Je ne sais aujourd’hui de quel côté faire pencher le plateau de la balance : cela fut-il salutaire, ou non. Mais peut-être au fond que ça allumait dans les profondeurs cette petite flamme qui faisait hésiter sur le seuil de nos conneries adolescentes.
En ces heures de doux souvenir, j’apprenais « La conscience » qui se terminait ainsi :
« On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn. » (Victor Hugo, La légende des siècles)
C’était l’occasion de développer cet oeil intérieur invitant au temps du discernement : hors de question de franchir la ligne rouge qui nous aurait fait glisser de la réflexion à l’insulte.
Ne croyez pas que je regrette ce temps, j’observe juste qu’aujourd’hui, l’Etat et son système, ayant perdu la confiance en ce regard intérieur propre à chacun, s’en réfère à celui, extérieur, d’un Big Brother bien plus dangereux que la petite phrase de morale des frileux matins d’automne.
Celui-là t’observe, te censure, d’oblige à une « sensure » pire que tout rappel à la morale !
Il veille non pas à la bienséance, ni à la courtoisie : il veille à la conformité et laisse libre court à tous les délires obscènes de la vulgarité, de l’ostracisme, du racisme et ses frères en xénophobie, sexisme et autre homophobie.
Et c’est peut-être un drame que d’être tombé en cette surveillance occulte.
A suivre...
Xavier Lainé
17 novembre 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire