Heureux ceux qui peuvent faire abstraction du délire.
Heureuse celle qui se retourne et te dit de ne pas chercher à comprendre, pour ne pas te faire de mal.
Heureux ceux qui traversent temps odieux dans une apparente insouciance.
Heureuse celle qui vit comme si monde autour n’existait pas.
Heureux le pessimiste.
Heureuse l’optimiste.
Le royaume des individus sans émotion et sans âme leur est ouvert.
« Comme l’optimisme, le pessimisme consiste à vivre comme si de rien n’était. Le pessimiste prend argument de son fatalisme négatif pour ne rien faire : tout serait déjà joué — il serait trop tard. L’optimiste ne fait rien non plus parce qu’il postule qu’il ne se passe rien, finalement, que de tout à fait ordinaire. » (Bernard Stiegler, Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? Éditions Les Liens qui Libèrent, 2016)
Le monde glisse à la surface des inconscients.
Ils se donnent allure de bonheur sans voir qu’ils sont touchés comme les autres.
C’est le propre de l’homme que de ne pouvoir vivre sans liens.
Non liens quoi l’enserrent entre les mailles d’un filet de contraintes.
Mais liens qui libèrent et le font humain en devenir.
« Il est inimaginable de voir la société moderne répéter les erreurs de gestion écologique suicidaires qui ont été commises dans le passé, d’autant plus que des outils de destruction bien plus puissants se trouvent placés entre un bien plus grand nombre de mains. » (Jared Diamond, Le troisième chimpanzé, éditions Gallimard, 2000)
Et pourtant, chacun dans sa prison intérieure, coupé de tout ce qui fait le sel de l’existence, va en ce replis imposé.
Il est simple après quarante années de formatage des peuples au consumérisme individualiste d’en faire troupeau obéissant.
Simple de conduire le troupeau au bord des abîmes ouverts par aveuglement.
« Le monde, c’est ce qui change et ce qui doit changer. » (Bernard Stiegler, op.cit.)
A suivre...
Xavier Lainé
10 novembre 2020
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