« Tout artiste prend ses désirs et donc ses rêves pour des réalités, comme tout savant, comme tout citoyen, comme tout amoureux, comme tout désirant, comme tout être non-inhumain. » (Bernard Stiegler, Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? Éditions Les Liens qui Libèrent, 2016)
Peut-être est-ce là ce que certains voudraient briser.
Sans désir, sans rêves, sans illusions à tenter de réaliser, nous voici glissant vers l’inhumanité.
Une fois livrés sans utopies aux « règles du marché », nous serons robotisés.
Savent-ils ce qu’ils doivent à Huxley, Orwell, Kafka ou Jarry ?
Dans cette soupe infâme et sans imagination, nos désirs se heurtent aux limites d’un système fait pour des robots.
Combien y perdront leur âme, leur esprit, leur vie ?
Fascinante ville désertée, vide de ses petits commerces, vide de ses cafés du matin, de ses frémissements d’aube où la vie s’étire.
Je marchais en ville morte.
Ne manquait que les cercueils alignés où pourraient reposer en guerre les dépouilles de nos libertés sacrifiées.
Visiblement la curiosité s'arrête aux murs de Big Brother !
Visiblement il est parfaitement vain d'écrire encore dans une société masquée, craintive, soumise.
Visiblement j'assiste à la mise à mort des rêves, des désirs, des utopies.
Visiblement le désert gagne les coeurs et les esprits.
Visiblement l'oeil est dans la tombe et regarde toujours Caïn.
« Les feuilles vertes et fraîches des arbres de mai s’agitent joyeusement au-dessus des brasiers.
J’avais une lettre à jeter à la poste. J’y ai mis quelque précaution, car tout est suspect à ces braves gardes nationaux. » (Victor Hugo, L’émeute du 12 mai).
A suivre...
Xavier Lainé
12 novembre 2020
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