mardi 15 août 2023

Beauté : figure de proue de nos révoltes 23

 



Photographie : XL-Manifestation 26 mai 2016



Ma figure de proue poursuit sa route

Elle croise parfois les musiques du passé

Dans un grand élan retrouve les voix éteintes

Qu’elle embrasse d’une folle étreinte


Ginsberg

Snyder

Harrisson


Tous les absents encore

Au catalogue des découvertes


Ma figure de proue rayonne

Elle danse sous la caresse du jazz

Un instant se recueille 

Missa solemnis

En messes non dites


Beethoven se réveille

D’un sourd cauchemar


Si je me réveillais aussi

D’une courte nuit

Avec les mots comme des étoiles

Perchées au firmament du temps


Ma figure de proue est nue

Ma figure de proue est nue

Elle brandit le drapeau des révoltes

Se rêve en égérie d’un monde à bâtir


*


« Je doute que personne s’écroule sauf les gouvernements 

heureusement tous les gouvernements s’écrouleront 

les seuls qui survivront seront les bons gouvernements mais ils n’existent pas encore » Allen Ginsberg, Kaddish


Debout les seins nus à la proue de nos révoltes

Elle y croit encore 

La muse écarlate


Elle imagine la chute

La fin des souffrances endurées

Et les milliers de corps noyés

Remontant sur la rive

S’étirant dans un grand soupir

Comme si le monde les avait endormis

Juste un instant

Endormis

Mais pas morts


Seuls les gouvernements peuvent mourir

Pas les hommes qui rêvent de les renverser

Qui imaginent après l’amour

La possibilité d’un autre univers

Qui bercerait les rêves d’enfant

Pour que jamais ils ne cessent d’y croire


Il est trop dur le bruit du rêve brisé

Sur la table d’un monde peuplé de monstres

Assoiffés de puissance et de gloire

Il est trop dur


Mon enfant parvenu adulte

Surtout va et poursuit tes rêves

Comme s’ils ne devaient jamais s’arrêter


Qu’ils se fassent chant

Qu’ils s’insinuent dans des bras de Voie lactée

Qu’ils te portent jusqu’au firmament 

D’un temps qui aurait un avenir

Non seulement un devenir fade et borné


Mon enfant parvenu adulte

Peut-être seras-tu celui

Qui apprivoisera mes propres rêves

Pour en faire une gigantesque musique

Penchée sur le berceau de notre humanité


Je ne voudrais pas m’éteindre sans avoir entendu

Ce chant qui coule dans tes veines

Montant depuis le flot de nos révoltes

Avec la beauté guidant tes pas

Comme elle n’a jamais cessé

De guider les miens


Les gouvernements sont périssables

La vie qui nous guide

Elle

Jamais ne saurait plier sous le joug 

Elle s’arrête

Fière

Silencieuse 

Le sein nu

Le regard paisible posé

Sur toutes le violences


*


« Afin de faire remettre à jour mes contacts et de ne pas encombrer pour rien vos boîtes mails, merci de me signaler par simple retour de ce mail, si vous ne souhaitez plus recevoir mes infos et les infos de l'association (revue) Nouveaux Délits qui forment un tout, que l'été vous soit comme vous souhaitez qu'il soit » Cathy Garcia Canalès


Alors je m’en vais faire tout faux

Ce n’est pas un silence de refus

Que je m’en vais rompre

Mais celui d’une complicité

Qui se niche hors les mots


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Rêver

Savoir que quelque part

Les mots trouvent une issue

Entre des pages

Quand on ne sait comment

Faire usage du flot

Qui chaque jour se déverse

Sur une toile sans âme


Il est bon de savoir que

Quelque part

Quelqu’un sait aller

Jusqu’au bout de ses rêves



Xavier Lainé

23 juillet 2023


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