mercredi 20 mars 2024

Debout au milieu du gué 26

 




Il faut avoir souffert pour comprendre

Il faut souffrir pour se mettre à la place


Il faut


Non


Il ne faut pas


Mais

Si le monde devient lourd

Si la souffrance des autres si pesante

Et les conditions pour aider si difficile

Te voilà dans le même bain que les autres


Te voilà plongé jusqu’au cou

Dans la folie pathogène


Tu t’entends dire

Dans un monde malade

Il est presque normal de l’être


Tu t’entends

Tu appliques à toi-même les consignes 

Mais comment vivre hors


Tu n’as pas la réponse


*


À Monique et Jacques Gastinel


Jacques est parti en premier laissant dans son atelier des centaines de tableaux.

Voici que Monique, elle-même peintre, l’a rejoint sur la pointe des pieds, s’endormant pour ne plus se réveiller.


Ils étaient tous deux une référence.

L’art pur, celui qui n’existe que pour transmettre un message.

Transmettre aussi la manière et la technique pour faire art.

L’art de s’effacer derrière l’oeuvre.

L’oeuvre laissée derrière eux comme témoignage des tragédies d’une époque.


L’artiste qui n’est pas témoin est voué à ne plus rien dire.

L’artiste adoubé par un système de pensée unique, s’efface dans le temps, emporté par les vagues tragiques.


Monique et Jacques étaient d’une autre espèce.

Une espèce rare qui porte un regard aigu sur l’époque.

À leur manière et avec art, ils savaient en être témoins et transmettre parfois l’angoisse et la colère.


Ils se sont tus et leurs oeuvres restent là, dans leur atelier commun.


Parfois lorsque les artistes s’éteignent, il ne nous reste que les larmes et le silence.



Xavier Lainé

26 février 2024


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