mardi 5 mars 2024

Debout au milieu du gué 11

 





Il faut reconnaître aux hommes le droit à l’égarement

Ce qui n’est pas absolution de leurs crimes

Mais droit à réparation


Il faut nous reconnaître ce droit d’égarement

Qui parfois nous trompe et nous pousse à trahir

Ce que hier nous défendions au nom des droits humains


Sinon à quoi bon abolir la peine capitale

Si nul droit à rédemption ne serait reconnu


Nous irions ainsi

Commettant crimes et délits

Avec pour seule certitude la punition la plus sévère


Je dis ceci après avoir lu chez Joseph Kessel

La possibilité de l’aveuglement


Car une fois close l’abomination des camps

Une fois vécue la résistance

Les atrocités de la seconde guerre mondiale

Le voici reparti en Palestine

Aux côtés des soldats d’un Etat balbutiant

Qui engageait sa guerre de colonisation

Sans un regard pour ceux qui étaient là

Que les juifs côtoyaient jusque là


Cette nouvelle abomination hésitait

Le XXème siècle en aura jeté les bases


On peut toujours comprendre

Mais pas excuser

Car les camps d’extermination n’excusent pas

D’en reproduire l’esprit 

Quelque soit l’ostracisme il est ferment d’inhumanité


On peut comprendre

Reconnaître le droit à l’égarement

Celui à l’erreur conduisant au crime

Celui d’une rédemption toujours possible

De l’homme criminel reconnaissant ses crimes

Et travaillant sur lui-même

La force de s’en guérir


Ce qui n’excuse rien

Juste permet de grandir dans notre humanité


Ce qui ne cautérise pas les plaies ouvertes par le crime

Juste d’y déposer un baume d’humanité

Juste pour éloigner le spectre des vengeances infinies

Qui ne font que semer deuil et larmes

Au coeur des humains perdus


*


Car au fond c’est ce qui anime la grandeur humaine

Cette capacité à comprendre et à inviter à ne pas rendre

Coup pour coup

Oeil pour oeil 

Dent pour dent

Encore moins à répondre par crime plus atroce

Au crime abject


C’est tout le sens de l’abolition de la peine de mort



Xavier Lainé

11 février 2024


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