dimanche 30 novembre 2025

Alors je suis resté sans voix 14

 





C’est sûr on peut toujours regarder ailleurs

Faire comme si le boomerang des révoltes

Ne devait jamais se retourner à l’envoyeur

Comme si étant blancs vivant en pays riche

Rien ne pouvait jamais nous arriver

Sinon fortune et prospérité

Sans chercher à savoir sur quelles spoliations

Elles se construisent


C’est sûr j’ai tort d’écrire

Du moins de ne pas écrire dans le sens du courant

Celui des poissons morts de compromission

J’ai tort

Un tort impardonnable

Celui de croire encore qu’un humain 

Qui meurt sous les bombes

Est un crime de trop

Qui ne cessera de hanter nos mémoires


J’ai tort

Et vous ne me pardonnerez pas

D’avoir écrit qu’à Gaza

On souille aussi la mémoire de la Shoah

Comme j’écrivais hier 

Qu’égorger publiquement d’autres souillait

La troisième religion abrahamique


Car le même Dieu

Dont les premiers thuriféraires ne prononçaient pas le nom

Engendra trois familles qui ne cessent 

De se disputer sa défroque

Au mépris de la parole

Au mépris de la vie si précieuse



Xavier Lainé

14 octobre 2025


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