samedi 15 novembre 2025

Une autre nef des fous 29

 





Quel fil suivre qui reprenne les propos sans rien retirer ?

J’étais parti sur cette ségrégation qui nous semble tellement naturelle qu’on ne la regarde plus.

Tout le monde ne se mélange pas dans ma ville.

Tous les quartiers ne se ressemblent pas.

Les populations sont enfermées derrière grilles et digicodes.

Chacun a pour consigne de rester à sa place.

Et si c’était ici que commençait le syndrome génocidaire, le nettoyage ethnique ?

Alors je retrouve mon fil, moi qui ne cesse de voyager à fond de cale, que nul ne connaît tout en croyant que.

Mais non, je suis cette ombre qui traverse les places, qui hume l’air dans des quartiers très souvent silencieux et déserts.

Je regarde et ma plume s’envole.


Qui sont les « indiens » en ces temps d’obscures discriminations ?

Chacun peut en être ou se sentir en être.

Riches qui ne fréquentent pas les pauvres et vice-versa.

Nous voilà triés insidieusement selon notre couleur de peau, notre origine sociale, notre religions, nos critères sexuels, nos philosophies.

Tri ethnique ou sociologique, c’est toujours un tri.

Que celui-ci soit ostensiblement pratiqué par des lois et décrets ou par des habitudes jamais questionnées, il s’agit de ne pas mettre toutes les populations dans le même panier.

Bien sûr on s’emporte devant le Ruanda, la Palestine, l’Afrique du sud.

On s’emporte, on vitupère, on accuse les autres dirigeants de pratiques dégradantes pour notre humanité commune.

Et on oublie de regarder là, juste à côté.

On ne voit pas la sélection faite parce que notre nature blanche dominante nous est inculquée dès le biberon.

On ne s’étonne pas de ne croiser que nos semblables, les autres étant invisibles, rendus invisibles sans que rien n’oblige cette ségrégation.

C’est pourtant ici que tout commence et finit.



Xavier Lainé

29 septembre 2025


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire