jeudi 13 novembre 2025

Une autre nef des fous 27

 






Mais peut-être ma voix finira par s’éteindre

Avec le dernier humain capable de penser par lui-même

Puisque désormais sous la tutelle des robotisés lobotomisés

Mes semblables se laissent conduire avec maigre résistance

Vers un monde sans âme et dénué de pensées autonomes


Peut-être devrons-nous maintenir le flambeau du bout de nos plumes

Écrivains et penseurs pourraient être les ultimes lumières

Dans la pénombre qui gagne du terrain

Lorsque nous en sommes à chercher les failles

Dans les pâles imitations d’une intelligence artificielle


Tu regardes un tableau une danseuse en sa performance

Tu lis un livre une pensée tu écoutes une musique

Il te faudra t’interroger sur la véracité de cet objet

Dont certains prétendent que l’absurdité artificielle

Serait capable de reproduire la forme à l’infini


Pauvre monde légué à nos enfants qui ne distingue plus

Le vrai du faux sauf à acquérir compétences policières

Pour en détecter la trace subtile entre les mots les notes les pas

Ce sont désormais des robots qui décident d’assassiner les peuples

Pour que riches profiteurs du désastre puissent établir

Sur des plages devenues cimetières leurs immondes villégiatures


Nous en sommes à ce stade de perte du sens

Qu’à chaque démarche il nous faut montrer patte blanche

Prouver que nous ne sommes pas des robots

Mais question posée par eux-mêmes à l’infini de ce puits

Où l’absurde côtoie la folie dans une déshumanisation profonde


Certes humains nos mots cheminent dans la forêt de nos lectures

Mais c’est parfois chemin étroit et tortueux qui permet l’acte d’écrire



Xavier Lainé

27 septembre 2025


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