Tu aurais eu 95 ans aujourd’hui
Toi le père que je doute d’avoir vraiment connu
Tu es parti sans rien dire
Sans rien lâcher de ton histoire
Comme tant et tant qui ont trop vécu
Les horreurs d’une guerre
Les craintes de devoir en vivre d’autres
Qui étaient coloniales celles-ci
Tu aurais eu 95 ans aujourd’hui
Je ne sais rien du père que tu as eu
Que tu es parti seul enterrer
À l’heure où d’autres fêtaient la victoire
Contre l’horreur de la seconde
Qui fut la pire et qui dure
Jusqu’aujourd’hui dans les tragédies
De ce vingt et unième siècle
Tu aurais eu 95 ans aujourd’hui
Je te revois encore au seuil du siècle
Planter un arbre pour la paix
Qui depuis a séché sous le soleil ardent
Tu rêvais que plus jamais ne reviendraient
Les fantômes d’un passé adolescent
Qui te voyaient prendre le train tout seul
Au nez et à la barbe des occupants
Pour aller quérir en famille restée aux champs
De quoi nourrir tes appétits d’enfant
Tu aurais eu 95 ans aujourd’hui
Nous n’avons tiré aucune leçon du passé
L’horreur culmine à Gaza
L’horreur nous guette dans la fuite de notre humanité
Xavier Lainé
7 octobre 2025

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