dimanche 16 novembre 2025

Une autre nef des fous 30

 






Mon voyage n’a pas de terme : il se poursuit et se poursuivra tant qu’humanité trouvera le moyen de survivre à elle-même.

Je demeure au fond de cette Santa Maria de mots, à contempler ce que nous ne comprenons pas, ce que nous ne comprendrons jamais, ce qui est en soi plutôt réconfortant.

Quelle plaie ce serait si notre science et nos savoirs se mettaient à prétendre tout comprendre !

Je regarde donc cette tragédie humaine qui souvent tourne à la comédie, mais avec crimes à la clef qui nous laissent désemparés et sidérés.

Cette sidération vient non pas de l’ignorance qui est la nôtre mais de ce que nous savons ; nous savons parce que nous voyons et que même les moins compétents sont humains, sont donc capables de voir et d’analyser, ne serait-ce que pour s’organiser dans notre survie.

Je parlerai plutôt d’une méconnaissance. C’est plus pertinent, ça nous dit que nous avons le droit de ne pas tout appréhender.

Par exemple, étant en perpétuelle méconnaissance de nous-mêmes, il nous est bien difficile de nous mettre dans la peau des tyrans, des criminels, des génocidaires de tous bords et de toutes espèces. 

Parce que nous mettre dans leur peau, ce serait nous regarder en face, face à notre capacité à être sublimes, mais aussi à disjoncter, à devenir bourreaux de la pire espèce.

C’est en nous, c’est ce qui explique peut-être notre capacité à nous adapter à un monde de plus en plus inhumain, et parfois à nous laisser embarquer dans des stratégies qui nous mènent au désastre.

Notre conformisme, notre indignation à géométrie variable, notre couardise, notre indifférence protectrice ne sont que manières de nous fuir.

Israël ne serait au fond que le dernier avatar du colonialisme européen, celui qui nous met devant ce que nous sommes, nous autres, blanc européens : des prétentieux à la tyrannie de supériorité. 

Ce qu’Israël commet à Gaza, nous place devant ce miroir de nécessité impérieuse d’une décolonisation de nos esprits.

Il est temps de ne plus parler au nom de… Il est temps de donner la parole, ce qui serait déjà une reconnaissance de l’humanité de l’autre.



Xavier Lainé

30 septembre 2025


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