Vous avez raison : la poésie est exempte de la façon dont le monde se comporte.
Elle est ailleurs, hors, comme sont hors ceux qui nous mènent à la catastrophe.
Comme sont hors ceux qui tirent profit de nos aveuglements.
Comme nous sommes hors, lorsque nous nous laissons aveugler.
Parlons d’autre chose, regardons ailleurs, cultivons notre bien être tandis que d’autres nourrissent leur bien avoir.
Marchons fièrement en ce marché de dupes qui nous porte à nous penser seul à sauver.
L’individu désindividualisé, conforme aux normes en vigueur et décidées au fin fond d’un bureau par quelques ronds de cuir sans esprit.
Marchez donc dans les clous, braves gens !
Mais tous dans le même sens et sans regarder votre direction : le premier de cordée sait très bien où vous devez aller !
Pour ne pas se faire piquer, l’apiculteur enfume ses abeilles.
Pour ne pas…
Moi, dont les mots demeurent à l’ombre de l’anonymat, parmi les riens, je tire les mots de mon havresac.
Je les jette de la plus haute cime avec l’espoir qu’ils fassent assez de tintamarre en retombant.
Puisque Zeus ne fomente aucun orage, je précipite les mots en nuées de colère, je zèbre de leur éclair votre impensable quiétude.
Car qui pourrait se déclarer serein devant tant de sacrifiés ?
Qui pourrait sans remord, dormir sur ses deux oreilles lorsque vies ne tiennent qu’au fil de la misère ?
Qui pourrait se taire quand il faut enfin parler, clamer, hurler avec les disparus ?
Xavier Lainé
21 août 2020
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