vendredi 4 septembre 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 19

 



S’accumulent les supercheries, les tricheries, les mensonges.

S’accumulent les nuées qui ne donnent aucune pluie, comme si le temps cherchait lui aussi à nous assoiffer.

Car c’est de soif qu’il s’agit, d’une soif insatiable tant les années passent qui se ressemblent en leur art de descendre toujours plus bas, plus profond.

Tu aimerais que ça s’arrête.

Tu aimerais trouver les outils d’une pause salutaire.

Tu aimerais t’absenter et ne revenir qu’une fois les esprits enfin calmés.

C’est tempête qui toujours souffle sous le regard amusé des mêmes.

Les barbares ne sont pas où vous croyez : ils ont la main ferme sur le gouvernail des naufrages.

Ils pilotent ce Titanic social droit sur les icebergs de nos ignorances.

Que tu dénonces un instant leurs crimes, te voilà rangé du côté des théories du complot.

Mais.


Même pas besoin puisqu’ils détiennent tous les pouvoirs.

Même pas besoin : ils suffit de regarder la courbe ascendante de leurs dividendes et celle, descendante, de ton pouvoir de vivre.

Comme dans le pire des romans policiers, il te suffit d’observer à qui profite le crime.

Mais, chut !


Tu ne dois pas poser les questions qui fâchent.

Tu ne dois pas écrire qu’un jour il leur faudra rendre des comptes.

Tu ne dois pas rêver et écrire que tu souhaites leur condamnation devant un tribunal d’humanité.

Tu ne dois pas.


À trop écrire ce qui est, tu te condamnes au silence des pages impubliables.


Xavier Lainé


18 août 2020


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