vendredi 18 septembre 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 32

 




Ha ! Si tu avais un nom qui sonne bien, un bras plus long, les dents qui rayent le plancher.

Si tu étais de connivence avec les bien-en-cours, fils ou petit-fils de.

Peut-être viendrait-on te lire.

Tes écritures seraient à la vitrine des libraires pour une rentrée littéraire avec tambours et trompettes.


Mais tu n’es rien, et rien tu demeures.

Tu termines ce mois de soleil harassant, tu ronges tes colères de demeurer à l’ombre.

Tu t’y plais, de toutes les façons, à l’ombre.

Tu la préfères aux lumières tapageuses des gens bien comme il faut qui ont tant de choses à dire sur le sort du monde, sans jamais le remettre en cause, fondamentalement.


À force de gérer le désastre, on finira bien par l’atteindre.

Les bons bourgeois s’en sortiront d’une pirouette.

Ils trouveront le moyen de se protéger entre eux, sans un regard de compassion pour les naufragés.

Marseille a ouvert son port à ceux-là.

C’est la seule bonne nouvelle d’un temps sans envergure.

Bernard Stiegler a abrégé ses souffrances. On peut le comprendre.

Quelle chance nous laisse l’absurdité de ce siècle ?


Vaniteux comme tous les bons bourgeois que tu critiques, tu as tenté ton coup de colère quotidien, juste pour essayer de réveiller un peu deux ou trois consciences.

Elles ne seront pas plus à t’emboiter le pas.

« Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre », c’est la devise des suicidaires. Le processus est « en marche », sans ironie aucune.


Xavier Lainé

31 août 2020


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