"J'aime ceux qui vivent aujourd'hui sur la même terre que moi, et c'est eux que je salue. C'est pour eux que je lutte et que je consens à mourir.
Et pour une cité lointaine, dont je ne suis pas sûr, je n'irai pas frapper le visage de mes frères. Je n'irai pas ajouter à l'injustice vivante pour une justice morte.
Frères, je veux vous parler franchement et vous dire au moins ceci que pourrait dire le plus simple de nos paysans : tuer des enfants est contraire à l'honneur.
Et, si un jour, moi vivant, la révolution devait se séparer de l'honneur, je m'en détournerais".
Albert Camus, "Les Justes" (1949)
Que pourrais-je ajouter à la justesse d’une vision ?
Que pourrais-je dire encore qui ne soit pas malfaçon, plagiat, mauvaise répétition ?
Juste un merci à l’ami qui mit en avant ce texte venu me rencontrer un matin d’intense fatigue.
Juste ça et retourner lire Camus (entre autre), à l’heure où la bêtise systémique se répand comme pandémie dans les esprits englués.
Bien sur, poète, tu pourrais leur parler d’autre chose, à ces esprits là.
Tu pourrais leur conter fleurette comme la crème du même nom.
Tu pourrais dire ta rencontre avec le geai, pas plus tard qu’hier qui s’envola devant le pas lourd et bruyant d’humains foulant nature au pied.
Tu pourrais invoquer la pluie dont tu aimerais tant qu’elle vienne nous laver de toutes ces souillures qui nous collent à la peau.
Tu pourrais leur parler d’amour et de tendres étreintes, quand depuis si longtemps, l’amour se meurt, étouffé par les peurs.
Tu pourrais leur parler, à ces esprits d’un temps de marée noire.
Mais non, ce n’est pas ça qui te vient.
Il te vient une colère sourde qui monte depuis le fond de cette nuit.
Une colère que tu voudrais salutaire à l’heure où jeunesse étouffe sous le carcan des misères.
Xavier Lainé
24 mai 2021
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