Je passe mes journées à recoudre les morceaux.
Morceaux de vies, de corps, démantelés à la scie des profits.
Chaque jour, c’est ainsi : vous entrez.
Chaque jour vous me dites vos douleurs.
Je vous parle de vos labeurs, de vos soumissions involontaires à un ordre de la douleur.
Car l’ordre et l’immobilité sont contraires au mouvement de la vie.
Je passe mes journées enfermées.
Un jour je vous recevrai au pied d’un arbre, au milieu d’une clairière.
Je vous préparerai un nid de feuille où déposer vos chagrins et vos angoisses.
Vous fermerez les yeux pour écouter la vibration de la terre, le chant des oiseaux et du vent dans les feuillages du printemps.
Mes mains vous inviteront à vous déposer un peu plus.
Vous découvrirez toute la diversité de votre être en lien avec les roches, l’humus et les racines.
Vous participerez, presque immobiles, là, au mouvement de la vie qui est celui de laTerre.
C’est lui qui ira au-delà de notre présence, qui poursuivra sa route quand nous ne serons plus.
Un jour je briserai les murs de nos propriétés privées de tout.
Privées d’amour et de soupirs, elles nous imposent des chaines d’aveuglement.
En les défendant nous croyons nous protéger.
Ce ne sont que prisons, parfois dorées, j’en conviens, sans barreaux, certes, mais qui nous créent obligations d’être rentables pour en payer le prix.
Un jour j’ouvrirai ma porte aux errants de passage et nous initirons une ode à la vie qui est bien plus que nos conventions prétendues sociales.
Xavier Lainé
16 avril 2021
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