dimanche 16 mai 2021

Pour ne pas plonger

 




Nous voici devant un choix à faire : le désert ou la vie.

Une vie qui ne nous rendrait pas solitaires et dans la concurrence avec les autres.

Une vie qui ne se chiffrerait pas en colonne dans un bilan de rentabilité, mais en liens affectifs, en compréhension et tendresses partagées.

Tout le contraire de ce qui nous est proposé qui nous glace et nous fige dans une solitude insupportable.


C’est ce que mes mains rencontrent : cette peur accrue de l’isolement depuis que nous sommes invités, au prétexte de nous prémunir de la circulation virale, à nous isoler et regarder l’autre comme potentiel propagateur de l’infection.

C’est un coup de force qui modifie notre être en profondeur, par la réorganisation sociale nous créant chacun, seul dépositaire des peurs de tous.

Une façon sans doute pour l’Etat « social » de se défausser de ses propres responsabilités en alimentant nos angoisses qui ne demandent qu’à être stimulées.


« Dans toute culture concevable, l’homme a besoin de coopérer avec les autres s’il veut survivre, que ce soit pour se défendre contre des ennemis ou contre les dangers de la nature, ou encore pour travailler et produire. » écrit Erich Fromm dans La peur de la liberté.

Et il ajoute : « En raison de l’incapacité factuelle de l’enfant à prendre soin de lui pour toutes les fonctions le plus importantes, la communication avec les autres est pour lui une question de vie ou de mort. La crainte d’être abandonné est nécessairement la menace la plus sérieuse envers son existence tout entière. »

Voici que, justement, infantilisés et soumis à des contraintes inédites, nos peurs et nos angoisses de l’enfance ne peuvent que remonter à la surface.

C’est ce qui vient sous mes mains, ce qui jaillit en moi-même en longs monologues nocturnes.


Xavier Lainé


16 mai 2021


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