mercredi 21 août 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 27

 






Ce qui conduit au désastre

Ce sont vies désastreuses


Ce qui conduit au désastre

Qui ne fait que commencer

C’est de s’y habituer

D’accepter l’inacceptable

De se ranger derrière le pire

Pour ne pas voir au premier rang

Dans les gradins des compétitions

L’immonde mufle qui bave et ronge son frein


On dira toujours qu’il vaut mieux parler d’autre chose

Mais


On dira toujours que la beauté rayonne sur cette terre

Mais


On dira toujours que poésie doit sortir du moule politique

Mais


Mais on dira pour y tomber de plus haut

Et plus fort


Si poésie est désengagement

Alors tu n’en écris pas

Si littérature est évasion devant le désastre

Alors tu n’en es pas


Tes mots ne sont qu’appel à lucidité

À responsabilité devant les actes posés


Si tes mots s’abstiennent

Alors le désastre triomphe


*


Bien sûr 

Vous mesurez l’importance du désastre

En terme d’argent

De productivité

D’économie


Maigre mesure

Quand dans les têtes désormais

Le désastre évolue et s’approfondit

Sans que nous sachions

À l’instar du climat

Jusqu’où il s’étendra

Entrainant dans sa course

Une part déboussolée de notre humanité


*


Tu sais qu’on s’y fait

Au silence des âmes tendres

C’est d’ailleurs lui qui ouvre la porte au désastre


Tu sais qu’on s’y fait

Enfin pas tous mais presque il semble


Chacun va dans sa trajectoire

Chacun l’oeil rivé sur son écran

Sur sa pensée qu’il croit souveraine

Chacun sans un regard pour l’autre


On s’y fait

Au silence de ces trajectoires individuelles

Où le commun se noie plus sûrement qu’en Méditerranée

Cette mer d’enfance où nos rêves de culture ont pris naissance


On s’y fait

Mais non pas vraiment

On a le coeur qui saigne

Qui se met parfois à battre plus fort

Lorsque pointe son nez une illusion amoureuse

Qui ne dure pas

Qui se heurte au silence qui précède ou suit le désastre


Chacun 

Quand tu parles de ce mot désastreux

S’imagine que tu ne parles que de société

Que de politique ou de finances

Mais non

Ce n’est pas de ça dont tu causes

C’est de bien autre chose


C’EST DU SILENCE DES ÂMES PERDUES

Des âmes désastrées 

Des âmes défenestrées

Des âmes errantes 

Des âmes seules parmi les autres

Parmi l’abondance des autres


Dès lors tu lis jusqu’à l’ivresse

Jusqu’à ne pas savoir quoi faire de ces pages


« J’envie (c’est une façon de parler) tout homme  qui a le temps de préparer quelque chose comme un livre, qui, en étant venu à bout, trouve le moyen de s’intéresser au sort de cette chose ou au sort qu’après tout cette chose lui fait » (André Breton, Nadja)


Le livre des autres

Le flot saoulant de tes mots comme avalanche

Ne sont que refuge où rompre le silence pesant

Ce silence que ta voix ne sait arrêter 

Sans rencontrer sarcasmes du fait de l’indigence de ta pensée

Du moins te la fait-on sentir ainsi

Tu n’es pas du monde de la pensée

Ni du silence solitaire des êtres désastrés


Dans ce silence là

L’amour n’est qu’un vague feu de Bengale

Qui s’enfonce dans la nuit des solitudes

Où surgit comme un monstre le désastre



Xavier Lainé

27 juillet 2024


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