Ce qui conduit au désastre
Ce sont vies désastreuses
Ce qui conduit au désastre
Qui ne fait que commencer
C’est de s’y habituer
D’accepter l’inacceptable
De se ranger derrière le pire
Pour ne pas voir au premier rang
Dans les gradins des compétitions
L’immonde mufle qui bave et ronge son frein
On dira toujours qu’il vaut mieux parler d’autre chose
Mais
On dira toujours que la beauté rayonne sur cette terre
Mais
On dira toujours que poésie doit sortir du moule politique
Mais
Mais on dira pour y tomber de plus haut
Et plus fort
Si poésie est désengagement
Alors tu n’en écris pas
Si littérature est évasion devant le désastre
Alors tu n’en es pas
Tes mots ne sont qu’appel à lucidité
À responsabilité devant les actes posés
Si tes mots s’abstiennent
Alors le désastre triomphe
*
Bien sûr
Vous mesurez l’importance du désastre
En terme d’argent
De productivité
D’économie
Maigre mesure
Quand dans les têtes désormais
Le désastre évolue et s’approfondit
Sans que nous sachions
À l’instar du climat
Jusqu’où il s’étendra
Entrainant dans sa course
Une part déboussolée de notre humanité
*
Tu sais qu’on s’y fait
Au silence des âmes tendres
C’est d’ailleurs lui qui ouvre la porte au désastre
Tu sais qu’on s’y fait
Enfin pas tous mais presque il semble
Chacun va dans sa trajectoire
Chacun l’oeil rivé sur son écran
Sur sa pensée qu’il croit souveraine
Chacun sans un regard pour l’autre
On s’y fait
Au silence de ces trajectoires individuelles
Où le commun se noie plus sûrement qu’en Méditerranée
Cette mer d’enfance où nos rêves de culture ont pris naissance
On s’y fait
Mais non pas vraiment
On a le coeur qui saigne
Qui se met parfois à battre plus fort
Lorsque pointe son nez une illusion amoureuse
Qui ne dure pas
Qui se heurte au silence qui précède ou suit le désastre
Chacun
Quand tu parles de ce mot désastreux
S’imagine que tu ne parles que de société
Que de politique ou de finances
Mais non
Ce n’est pas de ça dont tu causes
C’est de bien autre chose
C’EST DU SILENCE DES ÂMES PERDUES
Des âmes désastrées
Des âmes défenestrées
Des âmes errantes
Des âmes seules parmi les autres
Parmi l’abondance des autres
Dès lors tu lis jusqu’à l’ivresse
Jusqu’à ne pas savoir quoi faire de ces pages
« J’envie (c’est une façon de parler) tout homme qui a le temps de préparer quelque chose comme un livre, qui, en étant venu à bout, trouve le moyen de s’intéresser au sort de cette chose ou au sort qu’après tout cette chose lui fait » (André Breton, Nadja)
Le livre des autres
Le flot saoulant de tes mots comme avalanche
Ne sont que refuge où rompre le silence pesant
Ce silence que ta voix ne sait arrêter
Sans rencontrer sarcasmes du fait de l’indigence de ta pensée
Du moins te la fait-on sentir ainsi
Tu n’es pas du monde de la pensée
Ni du silence solitaire des êtres désastrés
Dans ce silence là
L’amour n’est qu’un vague feu de Bengale
Qui s’enfonce dans la nuit des solitudes
Où surgit comme un monstre le désastre
Xavier Lainé
27 juillet 2024
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