samedi 17 août 2024

Chroniques d’un désastre annoncé 23

 





Il faudrait

Te couper du monde

Ne plus rien voir

Du désastre en cours

De ces images qui circulent

D’où l’humain a déserté

Ou demeure parqué

Comme bétail ou animal de zoo

Derrière des grilles

Pour lui interdire

De marcher dans les zones réservées

À l’élite qui paye sa place

Pour parader sous l’oeil des caméras

Aux jeux du tous perdants

Parodie de célébration

Qui cultive la gloire des gagnants

Dans un monde où nous sommes tous

VAINCUS


Il faudrait retourner 

Aux vallées perdues

Où l’air se fait léger et pur

Où courent dans l’herbe folle

Les espèces en voie de disparition

Puisque l’humain grandiose

Ne sait désormais qu’ensemencer du désastre

Où la vie autrefois se faisait belle

Pour briller dans l’univers froid

Où aucun calcul d’intérêts

Ne saurait être fécond


*


Alors tu t’arrêtes et tu ouvres les bras

Te voilà comme un sémaphore

Perché au-dessus de la mer des désastres


Tu ouvres tes bras immenses comme deux ailes

Les années passant tu te sens lourd et ne peux t’envoler

Tu attends que les tendres souvenirs te rejoignent


Les yeux fermés sur tes lacs intérieurs

Tu sens les douces effluves de qui sait aimer

Qui sait se laisser blottir au coeur de la tendresse


Pour un instant au moins dans un murmure blessé

L’océan des désastres se retire au plus loin

C’est toute la force de l’amour que d’en suspendre la rage


Privilège de l’âge tu remets les amarres et te laisse guider

Par le flot des baisers d’où jaillit le chant des sirènes

Privilège de l’âge tu décides de les suivre jusqu’au bout de la vie


*


Que dit ton inconscient qui te fais ouvrir les bras

Partir à l’aventure de la tendresse

Plongeant avec délice dans l’inconnu

Comme pour fuir un monde réel qui t’accable


Il cause le bougre il cause fort il hurle

Il te plante le couteau de l’amour meurtri

Dans le coeur déjà bien en peine de vivre sombre époque

Il est cette musique qui psalmodie en toi l’abandon 



Xavier Lainé

23 juillet 2024


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