jeudi 14 septembre 2023

Un été sur la Terre 22

 


XL-Un été sur la Terre



De quel sens sommes-nous démunis

À toujours courir le regard fixe

Vers un mur bien plus robuste 

Que notre pauvre résistance


C’est qu’il n’est plus guère de place 

Parmi les humains à la folie du désir

À la simple fascination pour le beau

Plus guère de place


À l’abondante chaleur du dehors

Répond à son absence cruelle au dedans

Nous sommes seuls dans ce désert 

Où il n’est plus de sentiments possibles


Tout est désormais calcul

On voit le gouffre ouvert

On ne se retient qu’à des herbes fragiles

Certains qu’elles ne suffiront point

À empêcher la chute


Serions-nous déjà perdus

En souffrance comme lettre d’amour

Restée dans la boite éteinte

D’une poste restante

Nous sommes hagards


On aura beau dire

Nous avons beaucoup à faire

Pour rétablir notre humaine et vivante condition

Sur ses deux jambes frêles


Or

Justement

Étrangement

Nous ne disons rien 

Rien sinon banalités

Nous repeignons en blanc

Le trou noir 

Pour éviter l’ébullition finale


Ici le replâtrage est illusoire

Quand déjà tant parmi nous

Meurent de soif

Abandonnés dans les déserts

Sans un regard


Pardonnez

Pardonnez mon incessante tristesse

Qu’un fils nous offre belles musiques

Ne change rien à mon vague à l’âme

Quand le monde que je lui lègue

Déborde de tant d’incertitudes


*


Pourtant ce serait si simple

D’ouvrir la porte au simple élan

Qui fait battre le coeur humain

Quand il sait se mettre à l’unisson

Des coeurs vivants de passage


Je n’ai jamais su vivre autrement

Vivre sans calcul en me laissant porter

Par ce que mes mains et mon esprit 

Lisent au secret des corps en souffrance



Xavier Lainé

22 août 2023



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