samedi 9 septembre 2023

Un été sur la Terre 17

 



XL-Un été sur la Terre




Un grand fracas, quelques gouttes.

Même pas de quoi redonner vie aux végétaux assoiffés.

Même pas.


Même pas l’ombre d’une fraîcheur nocturne.

Bien sûr rien de nouveau, puisque c’est l’été sur Terre.

Juste que, peut-être, nous voici plus sensibles.

Moins bien faits pour assumer ces supplices.


La ville s’enfonce dans la « vacance ».

Pour au moins quelques-uns qui peuvent encore.

Pour les autres, c’est mauvais repos sous canicule classique.


Ce qui cloche ?


Un étrange sentiment d’avoir perdu quelque chose du sens commun.

Il est loin le temps de retrouvailles familiales à l’ombre du tilleul ou du platane.

Il est loin ce temps béni qui berçait nos enfances.

Ce temps où mon grand-père décryptait des continents dans la forme des éclairs lacérant le ciel.

Ce temps du baquet et du puits.

Ce temps des longues conversations à la lueur des étoiles.


Le temps imposé détruit peu à peu tout espace social.

Lentement, insidieusement.

Ce qui était de fraternité se délite.

Nulle possibilité d’oublier l’ardeur solaire dans la joie de vivre l’instant.


Chacun se trouve seul avec la sueur de son front.

Chacun isolé à regarder le ciel rarement menaçant.

Mais lorsqu’il l’est, monte l’inquiétude de l’ampleur des tempêtes.

On en voit tellement, de ces moments cataclysmique, violent, bref, mais destructeurs.

Pas un jour sans que médias s’en emparent.

Pas un jour sans distiller la peur qui invite au replis.

Au chacun pour soi face à une adversité dont on sent bien la dose de virtualité.

En été sur Terre médiatisée, plus rien du sang versé n’échappe à notre sagacité.


Et si l’alarme principale était logée là ?

Dans ce replis de chacun se méfiant de tout et de tous ?

Cette perte sensible de notre humanité fondée sur du commun soucieux avant tout de l’autre à aider.

Il est vrai que les gués à sec posent moins de difficultés qu’aux temps où l’eau coulait à flot.

Elle se fait rare.

C’est notre punition, d’avoir maintenu au pouvoir les pires d’entre nous.



Xavier Lainé

17 août 2023


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire