De quel côté aurais-je été, je ne sais.
Mais il aurait bien fallu être d’un bord.
Même sans savoir très bien pourquoi de celui-ci ou de celui-là.
Rappelez-vous que seuls ceux qui ont un intérêt à défendre savent de quel côté ils penchent.
Alors, moi, vous comprenez, je ne sais pas de quel côté je me trouve, ou me serais trouvé si.
Si avaient eu lieu devant ma porte la révolte spontanée, incontrôlable, incontrôlée.
Je me serais levé comme tous les matins.
J’aurais regardé par la fenêtre ouverte, le nez vers le ciel blanc.
Ce matin là aurait eu un goût de printemps.
Un goût de célébration de la vie.
J’aurais entendu la rumeur qui monte.
La rumeur monte toujours.
C’est d’abord un bruit de fond, comme celui de l’orage qui gronde au loin.
Un bruit de torrent en colère, d’où peu à peu émergent des voix.
J’aurais entendu et serais descendu sur le pas de ma porte pour mieux entendre.
Je n’en aurais même pas eu le temps.
Je me serais trouvé emporté par la foule.
Cette année là, elle était armée de fourches et de pioches.
Mais elle était armée, la foule.
Sauf moi qui n’avais que ma plume restée sur ma table de travail, derrière ma porte demeurée ouverte sur ce printemps qui déferlait en milliers de pas pressés d’aller demander des comptes.
Elle est dure, la faim, aux corps qui se courbent sur la terre et offrent à leur seigneur (saigneur ?) la maigre fruit de ses efforts.
Xavier Lainé
1er mars 2021
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