« Premièrement, ne pas nuire ».
Les serments n’engagent que ceux qui en mesurent la portée.
Les autres ne font que prononcer formule sans âme.
Du patient au client, le glissement se fait sans sourciller.
Vous voilà ligne comptable et non être en souffrance.
Le propos n’est pas parole en l’air : quand il devient naturel de parler de client, alors que nous n’avons rien d’autre à vendre qu’un maigre savoir, le glissement est pathogène.
Nous voici à faire commerce de la santé d’autrui.
Sommés d’être « rentables » et de mettre nos croix dans les bonnes cases prouvant aux yeux des algorithmes que nous avons respectés les codes de « bonne pratique ».
L’être est absent mais l’honneur est sauf pour le crétin à distance qui ne voit pas qu’une croix sur un QCM ne dit rien de la relation à l’autre engagée, ou dégagée.
Dégagée de toute éthique de l’être, l’art n’est plus que spéculation et porte ouverte à toutes les contaminations.
On multiplie les actes comme petits pains sans goût et sans odeur à l’étal des revendeurs.
Nous voici sommés de vendre notre âme à défaut de faire preuve d’éthique et de doute.
Endormis par les sirènes des « hautes autorités », par les discours lénifiants d’experts hors sol, l’oeil rivé sur nos colonnes de chiffre, nos yeux se ferment d’ennui alors qu’il faudrait veiller, ne pas s'endormir ou se rendormir.
Il faut veiller sur, avoir toujours un oeil ouvert, ne pas perdre de vue, pour ne pas sombrer sous les maux, ajuster les mots, chaque jour, comme toile tissée pour ne pas perdre le fil de l'humain qui sommeille encore.
Réveiller en nous la fibre de l’art d’écouter sans vouloir comprendre.
Xavier Lainé
11 février 2021
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