lundi 22 mars 2021

Prendre soin 22 (Nouveaux états chroniques de poésie - Volume 12 - Tome 2)

 




Double, triple ou quadruple peine, c'est le lot en ce système qui proclame une liberté illusoire, pour ceux qui n'ont jamais cessé de lutter.

Tant d'années avant qu'une couleur ne soulève le couvercle.

Il ne fallait pas lâcher, alors, mine de rien, et sans que nul ne se doute de la difficulté, tu t'organises pour une grève illimitée.

Quarante années de grève, du zèle, certes, mais quand même.

Et pour toi, soignant refusant de rentrer dans le cadre étroit des productivités financières sournoisement imposées, la double, triple, quadruple peine.


Première peine : celle d’avoir plus ou moins choisi un métier et de le voir dériver sans boussole sous les incitations à « produire des actes réduits à leur technique ».


Peine seconde : celle de t’imposer quelques règles éthiques en refusant d’entrer dans la course au « chiffre d’affaire ».


Peine troisième : celle de vivre de moins en moins bien du fruit de ton travail et donc de t’entendre reprocher de « ne pas travailler assez ».


Peine quatrième : lorsque vient l’âge de la retraite, la voir réduite à si simple expression qu’il te faudra poursuivre jusqu’à mourir en scène.


J’ajouterai la cinquième peine : c’est qu’ayant fait le choix bien contraint de travailler en libéral, tout le monde te regarde avec des yeux ronds lorsque tu dis de quoi il en retourne.

Tu n’es pas crédible à dire qu’aujourd’hui les virus ont de beaux jours devant eux puisque, au nom d’une science sans conscience, l’important n’est pas de prendre soin mais d’appliquer des techniques en méconnaissance  de la vie.


Xavier Lainé


21 février 2021


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