À trop rentrer dans le rang, on finit sans esprit.
Que dire des échos qui me parviennent d’un métier, de mon métier ?
J’avais cru en sa beauté.
J’avais cru en une intelligence mêlant l’esprit et le corps.
J’avais cru. J’ai lutté.
J’ai voulu même inventer une vision de l’homme harcelé à son travail.
De l’homme souffrant dans son corps devenu objet de marchandage sur un « marché du travail ».
J’ai vu des corps meurtris, des corps reprisés par des fous du bistouri qui ne voient que mécanique où tente de survivre encore du vivant.
J’ai voulu faire preuve de compréhension.
Je n’ai pas voulu rejeter tout en bloc : la technique et la science même réduite à des statistiques.
J’ai cherché à comprendre jusqu’à l’incompréhensible instrumentalisation de nos consciences professionnelles.
Et puis insidieusement je me suis mis en grève du zèle sans attendre d’être suivi ni précédé, ni approuvé.
Car j’ai toujours eu le sentiment de ne rien savoir d’un corps inexistant.
D’avoir tout à chercher dans des vies incarnées qui cherchent un chemin de moindre souffrance en territoire où le corps n’est que marchandise dont les esthètes revendiquent propriété.
Monde tourné vers l’apparence qui privatise et spécule sur les douleurs qu’il génère.
D’un pot de maquillage, d’un coup de bistouri ou d’une gégène apprivoisée on fait de la mécanique.
Et la vie elle, fait comme elle peut et on lui dit qu’elle coûte trop cher.
Ça coûte cher une vie méprisée, une vie robotisée, réduite à « travaille et tais-toi ».
Ça coûte très cher, alors on l’appauvrit, on spécule sur un marché du travail qui masque très mal d’un maquillage sans élégance l’esclavage d’hier.
Xavier Lainé
27 février 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire