vendredi 21 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 5

 



Alors me prend cette impérieuse colère.

Tandis que mes mots sortent de mes lèvres en murmure pour ne pas crier, je vous vois lever les yeux au plafond.

Serez-vous encore étonnés qu’en moi monte la vague, le tsunami ?

Je voudrais savoir hurler et être sûr que mon hurlement vous réveillerait enfin de votre stupide torpeur.

Je voudrais avoir des mots canifs pour trancher dans le vif de vos abrutissements médiatiques.

Je voudrais avoir la force de vous agripper et vous secouer jusqu’à ce que vous retrouviez vos esprits égarés.

Je voudrais.

Je n’ai que page blanche à noircir avec rage.

Je n’ai plus la force de secouer le monde.

Pourtant j’aimerais reprendre les mots de Maïakovski :


« Ça ose s’appeler poète

Et carcailler tout gris comme une caille !

De nos jours

Il faut

Muni d’un casse-tête

Fendre le crâne du monde ! »


Seriez-vous sensible au casse-tête ?

Seriez-vous capable d’entendre ces mots qui sont murmurés depuis si longtemps ?

Ils visent à notre libération des chaines tissées de mains de maîtres.

Ils visent à nous faire relever la tête.

Et vous qui faites semblant de ne rien entendre ni rien voir, vous baissez les yeux ou les levez au plafond lorsque les mots trouvent enfin chemin hors de mes lèvres.


Xavier Lainé


4 août 2020


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