À Bernard Stiegler, disparu le 6 août 2020
Qu’un philosophe meure à l’instant même où le monde entre en sa disruption, en son effondrement est tout un symbole.
Comme si les prévisions à court et moyen terme que l’esprit non inhumain peut encore produire se condensaient pour ouvrir les yeux du commun.
Mais serions-nous encore capables de cette ouverture sans proférer les thèses complotistes les plus scabreuses pour encore dédouaner les criminels visibles ?
Qu’un philosophe meure tandis que le monde vacille, entrant en l’apothéose de son implosion programmée, et voici qu’un matin, canicules et effondrements ne sont plus grand chose, sinon la preuve.
La preuve irréfutable que le problème n’est pas de se lamenter ou de brailler quelque discours pompeux de circonstance, mais d’y voir clair et d’agir, vite, puisqu’il en serait peut-être encore temps.
Qu’un philosophe meure, la presse et les médias en diront un instant le nom qui ne feront aucune relation avec les faits têtus dont nous voyons, année après année, qu’ils étaient largement prévisible à condition d’écouter, d’entendre et d’agir.
Les mots ne veulent rien dire lorsqu’ils sont braillés du beau milieu d’un peuple en souffrance.
Les mots ne veulent rien dire lorsque celui qui les braille porte en lui-même le poison de la rupture temporelle et de la démolition en règle des luttes historiques.
Que celui qui porte en partie, même indirectement, la responsabilité du crime aille pousser son coup de gueule parmi les victimes ne changera rien à l’affaire.
Il fallait entendre le philosophe avant qu’il ne meure.
Xavier Lainé
7 août 2020
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