Si je devais attendre qu’inspiration vienne
La page demeurerait blanche indéfiniment
Si je devais attendre que les mots sortent
Bien habillés en tenue correcte exigée
Ils resteraient dans l’entrée
Faisant les cent pas tout autour de la page
Si je devais attendre qu’un livre soit publié
Pour pouvoir dire que j’écris
Mes journées seraient peuplées de silence
Si je devais attendre pour me mettre à l’ouvrage
D’avoir construit un « projet littéraire »
Capable de briguer les prix et les récompenses
Je me vouerais à une vie d’ermite
Loin de ce monde qui dresse catalogue
De ceux qui ont droit à exister
À ceux qui ne sont rien au regard des premiers
Dès lors je n’attends pas
J’écris des choses fort peu poétiques
Au risque de chagriner les bourgeois
Qui aiment qu’on les caresse
Dans le sens du poil de leur insignifiance
Dès lors je refuse de me taire
De laisser les pages désespérer
Dans le blanc d’un hiver des coeurs
Où plus grand chose n’a de sens
Sinon ignoble condamnation
À vivre dépossédé de toute parole
Xavier Lainé
21 janvier 2025
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