samedi 8 février 2025

Sortir des brumes 1

 





Un soleil froid se pose sur le jour un

Que saurions-nous en faire sinon rien

Au moins quelque chose qui s’achemine 

Vers plus grand que nous

Tournant le dos à ce qui nous rabougrit

Ce qui nous ampute de tous sentiments


Un soleil froid se pose sur le jour un

Ce que nous laissons derrière nous

Porte l’ombre et la poisse 

Dans son sillage d’infinis malheurs

Il faudrait ouvrir la porte

Aux chants du coeur


Un soleil froid se pose sur le jour un

Dans le champ en contrebas

Le troupeau arpente les herbes folles

Parcourues d’un frisson de givre

Mahmoud m’accompagne en sourdine

Conjurant le bruit des bottes


Un soleil froid se pose sur le jour un

Tant de romans posent l’empreinte terrible

D’un passé stérile et vain

Peuplé de visages de tragédies

Un chant murmure en mes ondes

Qui proclame l’impérieux besoin


Un soleil froid se pose sur le jour un

Que vaut parole de poète posée au pied du mur

Où les ombres passent semant misère

Il est temps de nous lever

De nous élever contre ou pour

Mais de nous dresser bien droits


Un soleil froid se pose sur le jour un

Que dire de l’hiver où les mères s’endorment

Lasses d’avoir lutté toute une vie

Pour demeurer dans leur dignité de femme

Tandis que de partout montait du fond des siècles

La triste litanie des temps obscurs


Un soleil froid se pose sur le jour un

Vois mon amour le chemin ouvert

Sous nos pas qui dansent dans ce petit jour blême

Nos mains sont avides de recommencement

Nos coeurs saignent de ce passé hélas non révolu

Qui revient sans cesse sur les échines courbées


Un soleil froid se pose sur le jour un

Nos mains tremblent devant l’ampleur du devoir

Qui nous intime la nécessité de balayer devant notre porte

Et construire pierre à pierre pour notre descendance

Un rempart contre les âmes errantes 

De ceux qui tentent toujours de tout détruire


Un soleil froid se pose sur le jour un

Nous savons au fond de nous-mêmes 

Qu’il est l’heure d’élever les digues

De conjurer les ombres malines qui nous séparent

Qui tracent des frontières absurdes

Entre nous et nous dans la fracture du coeur


Un soleil froid se pose sur le jour un

Une mère s’endort enfin pour oublier sa douleur

Vieillir en ces temps tragiques ne prête pas à sourire

Alors elle rêve qu’un terme se pose

Sur la fatigue d’exister toujours

Malgré tout l’amour qui l’entoure encor



Xavier Lainé

1er janvier 2025


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