Au jour deux ce sont nuées grises qui s’accumulent
Les mots hésitent sur le seuil
Il faudra pourtant qu’ils sortent
Qu’ils aillent ouvrir les portes
Pour accueillir âmes bienveillantes
Au jour deux ce sont nuées grises qui s’accumulent
J’avais rêvé de repos mais toujours il s’enfuit
Les heures imposent leur rythme
Les mots dès lors se trouvent retenus
Derrière le barrage des fatigues
*
Comme les nuées au jour deux
La fatigue me colle
C’est une glu tenace
Que rien ne saurait dissoudre
Vous me dites donc de me reposer
D’arrêter de travailler
Mais vous ne savez pas
Les affres de n’avoir aucun revenu
Tandis que vous vous prélassez
Alors pour être raisonnable
Vous décidez de poursuivre
*
Bien sûr je pourrais comme tant d’autres
Décider d’entrer en « productivité »
De cesser de prendre le temps de vous comprendre
Vous seriez comme des poulets en batterie
Branchés sur des machines
Tandis que je vérifierai la hausse de mon chiffre d’affaire
*
La peste soit de ce monde là
Qui nous contraint à oeuvrer sans âme
La peste soit de ce monde
Qui tient discours sur la liberté
La peste soit de ce monde
Qui ne connaît que ceux qui vont dans son sens
*
Alors j’écris
Qu’importe que mon écriture soit rattachée
À tel ou tel style
Si elle ne disait plus rien
De ce qui est de la vie
La vie est ainsi
En ce monde infesté
Qu’il faut entrer dans le moule
Pour y avoir sa place
Je fuis
Je contemple les nuées grises de ce jour deux
La petite pluie froide qui se dépose en silence
La neige qui ne doit pas être très loin
J’entends la râlerie contre l’hiver
Qui pourtant est bien naturel
J’entends et me terre dans mon silence rassurant
Xavier Lainé
2 janvier 2024
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