dimanche 9 février 2025

Sortir des brumes 2

 





Au jour deux ce sont nuées grises qui s’accumulent

Les mots hésitent sur le seuil

Il faudra pourtant qu’ils sortent

Qu’ils aillent ouvrir les portes

Pour accueillir âmes bienveillantes


Au jour deux ce sont nuées grises qui s’accumulent

J’avais rêvé de repos mais toujours il s’enfuit

Les heures imposent leur rythme

Les mots dès lors se trouvent retenus

Derrière le barrage des fatigues


*


Comme les nuées au jour deux

La fatigue me colle

C’est une glu tenace

Que rien ne saurait dissoudre


Vous me dites donc de me reposer

D’arrêter de travailler

Mais vous ne savez pas 

Les affres de n’avoir aucun revenu 

Tandis que vous vous prélassez


Alors pour être raisonnable

Vous décidez de poursuivre


*


Bien sûr je pourrais comme tant d’autres

Décider d’entrer en « productivité »

De cesser de prendre le temps de vous comprendre


Vous seriez comme des poulets en batterie

Branchés sur des machines

Tandis que je vérifierai la hausse de mon chiffre d’affaire


*


La peste soit de ce monde là

Qui nous contraint à oeuvrer sans âme


La peste soit de ce monde

Qui tient discours sur la liberté


La peste soit de ce monde

Qui ne connaît que ceux qui vont dans son sens


*


Alors j’écris

Qu’importe que mon écriture soit rattachée

À tel ou tel style

Si elle ne disait plus rien

De ce qui est de la vie


La vie est ainsi

En ce monde infesté

Qu’il faut entrer dans le moule

Pour y avoir sa place


Je fuis

Je contemple les nuées grises de ce jour deux

La petite pluie froide qui se dépose en silence

La neige qui ne doit pas être très loin


J’entends la râlerie contre l’hiver

Qui pourtant est bien naturel

J’entends et me terre dans mon silence rassurant



Xavier Lainé

2 janvier 2024


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