mercredi 1 novembre 2023

Conjurer l’horreur 8

 




Préambule

Je ne savais rien le 7 octobre de ce qui se tramait dans l’ombre des victimes de ce siècle. Je ne savais rien des crimes qui allaient être commis dressant les extrémistes de deux religions les uns contre les autres. Je ne savais rien des crimes qui allaient être commis et ne me furent révélés que le 8 de ce même mois. Mes doigts dès lors n’ont plus cessés d’écrire. Le texte du 7 m’apparaissait comme une prémonition, les suivants ne pouvaient à mes yeux être publiés à chaud. Il me fallait réfléchir aux évènements, me dégager d’un engrenage émotionnel nocif à toute réflexion sereine. Un puzzle de pensées allait s’élaborer chaque jour un peu plus, tentant d’échapper au déluge d’informations contradictoires et de propos péremptoires qui ne faisaient que semer la confusion dans des esprits tellement peu entraînés à l’esprit critique !

J’ai décidé donc de ne rien changer à la progression de mes publications et au décalage temporel entre leur temps d’écriture et celui de leur publication.

Je ne chercherai ici à rien justifier, juste à condamner ce qui doit l’être car pour le poète que je tente d’être, une mort humaine sous la main armée est toujours une mort de trop, même si j’ai bien conscience que notre humanité est arrivée à un stade de complexité qui rend la pensée délicate si elle veut demeurer libre. Mon texte du 7 octobre définissait en quelque sorte le cadre de mon travail d’écriture à venir. Si parfois mes mots peuvent s’avérer maladroits, j’espère qu’ils ne seront qu’ouverture à débattre entre humains pour mieux nous débarrasser des non-encore-humains qui nous polluent l’atmosphère. Nous en débarrasser ou au moins rendre leur malédiction à ce qu’elle devrait être : à la marge de notre humanité à construire et reconstruire sans cesse.

Manosque, le 31 octobre 2023


Il faudrait en finir avec la confusion

Il faudrait ouvrir les intelligences

Dire ce qui est des dominations

Ne pas renvoyer bourreaux et victimes

Dos-à-dos dans une binarité sans issue


Il faudrait que je puisse dire les choses

Sans que les interprétations binaires 

Viennent en corrompre l’esprit 

Il me faudrait pouvoir condamner les uns

Pour ce qu’ils font depuis soixante dix ans

Et les autres qui répondent oeil pour oeil

À ce que les uns leur font subir 

Ajoutant tragédie à la tragédie

Jaillie comme un démon de la boite

Dont l’ouverture a été opérée

Au vingtième siècle en ses crimes


Il faudrait que je puisse dire 

Que je n’ai envie d’arborer

Aucun des drapeaux des forces opposées

Non pour mettre dans le même sac

Ce que font les uns comme les autres

Mais en me plaçant du côté des victimes

D’un camp comme de l’autre

Qui n’ont rien demandé sinon vivre

En cherchant un chemin différent

De celui dicté par des divinités invisibles


Il faudrait que je puisse n’être taxé

Disant ceci que mon seul drapeau

Est un drapeau de deuil pour notre humanité

Qu’un mort innocent en égale un autre

Quelle que soit son parti sa religion

Sa philosophie ou son pays d’origine

Qu’un mort innocent en égale un autre

Qui ne voulait que vivre comme chacun 

Sur un fragment de cette Terre ensanglantée


Il faudrait que je puisse dire sans recevoir

Un retour de flamme nommé antisémitisme

Ou anti-islamisme ou je ne sais quelle insulte

Pour ne pas comprendre ce que des hommes

Sans doute au demeurant munis d’une intelligence

Peuvent infliger sans cesse et sans états d’âme

À leurs semblables au nom de croyances

Historiquement héritées qui disent toutes

Le contraire de ce que leurs actes portent


Mais voilà

Ce que je dis 

Je ne le publierai pas dans le feu de l’actualité

J’attendrai que les esprits se calment

Espérant au plus secret de mon âme

Qu’enfin un peu d’intelligence prenne le pas

Et permette d’entrevoir les caractères

Que le conflit favorise toujours

Celui des êtres dominants et aveuglés

Qui ne pensent qu’à eux-mêmes 

En manipulant les ignorants

Dont ils cultivent l’ignorance

À des fins qui ne font que tuer

En les Hommes que nous sommes

L’humain que nous devrions cultiver


Et tant pis si mon propos n’est pas compris


*


« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise guerre

Il n’y a que la guerre et son cortège de cauchemars »


Écrivais-je en 2009 dans un livre hélas demeuré confidentiel

Quatorze ans ont passé et le problème est et demeure



Xavier Lainé

8 octobre 2023



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