Je demeure, égaré
Hagard un peu chaque jour un peu plus
J’écoute un homme qui parle de l’islam
Un homme qui condamne sans appel les violences assassines
Que certains au nom de son Dieu répandent
J’écoute
J’écoute les cris de palestiniens
Blessés et meurtris
Quand ils ne sont pas morts
Dans les décombres de l’hôpital
Qui était leur ultime refuge
J’entends
On se chamaille pour savoir qui
D’un côté ou de l’autre
Est responsable du crime
J’entends stupides parmi les stupides
Ergoter sur des responsabilités
Qui n’atténuent en rien le crime
Je cherche
Je lis Mahmoud ou la montée des eaux
Antoine Wauters y écris :
« Le monde court à sa perte, mais l'humanité dort au volant d'un pickup. »
Puis je sors de l’étagère où il dort
Le livre de Faraj Bayrakdar
« Ni vivant, ni mort »
Écrit dans les geôles du tyran syrien
« Ni vivants, ni morts »
Nous le sommes
Hagards parmi les ruines et le sang
Répandus par les stupides parmi les stupides
*
Ni vivants ni morts
Mais hagards, égarés
Stupéfaits, sidérés
Devant les ruines fumantes d’un hôpital
Devant les morts qui s’amoncèlent
Morts dont on soupèse médiatiquement
L’importance selon qu’ils meurent
D’un côté ou de l’autre d’une frontière
Ou plutôt du glacis de cette prison
Où errent deux millions d’humains
Dont un sinistre gouvernemental
Dénie la nature humaine
Nous en sommes là
À qui oppose la raison et le raisonnement
On tente encore de faire dévier les idées
Pour qu’ils disent ce que « journalistes »
Veulent entendre
On s’assoit résolument
Sur toute pensée raisonnable
Qui dit que toute mort violente
Quelqu’en soit le motif et la provenance
Est une mort de trop pour notre humanité
Qui s’en trouve atteinte
Xavier Lainé
18 octobre 2023
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