samedi 11 novembre 2023

Conjurer l’horreur 18

 




Je demeure, égaré

Hagard un peu chaque jour un peu plus


J’écoute un homme qui parle de l’islam

Un homme qui condamne sans appel les violences assassines

Que certains au nom de son Dieu répandent


J’écoute

J’écoute les cris de palestiniens

Blessés et meurtris

Quand ils ne sont pas morts

Dans les décombres de l’hôpital

Qui était leur ultime refuge


J’entends

On se chamaille pour savoir qui

D’un côté ou de l’autre

Est responsable du crime

J’entends stupides parmi les stupides

Ergoter sur des responsabilités

Qui n’atténuent en rien le crime


Je cherche

Je lis Mahmoud ou la montée des eaux

Antoine Wauters y écris :

« Le monde court à sa perte, mais l'humanité dort au volant d'un pickup. »


Puis je sors de l’étagère où il dort

Le livre de Faraj Bayrakdar

« Ni vivant, ni mort »

Écrit dans les geôles du tyran syrien


« Ni vivants, ni morts »

Nous le sommes

Hagards parmi les ruines et le sang

Répandus par les stupides parmi les stupides


*


Ni vivants ni morts

Mais hagards, égarés

Stupéfaits, sidérés

Devant les ruines fumantes d’un hôpital 

Devant les morts qui s’amoncèlent

Morts dont on soupèse médiatiquement

L’importance selon qu’ils meurent

D’un côté ou de l’autre d’une frontière

Ou plutôt du glacis de cette prison

Où errent deux millions d’humains

Dont un sinistre gouvernemental

Dénie la nature humaine


Nous en sommes là

À qui oppose la raison et le raisonnement

On tente encore de faire dévier les idées

Pour qu’ils disent ce que « journalistes »

Veulent entendre


On s’assoit résolument 

Sur toute pensée raisonnable

Qui dit que toute mort violente

Quelqu’en soit le motif et la provenance

Est une mort de trop pour notre humanité

Qui s’en trouve atteinte



Xavier Lainé

18 octobre 2023


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