mardi 14 avril 2020

Jour 27 : agir dans l’immobilité des confins


J'ai bien peur que nous soyons devant une bien triste réalité. Je le sens, sans verser dans je ne sais quelle idée de conspiration. Quelque chose là, dans ce monde dirigé par des fous, qui a des relents bien mauvais. Mais peut-être ignorent-ils qu'en nous rejetant en nos confins, ils nous donnent l'occasion de réfléchir à ce qui nous est essentiel et à ce qui ne l'est pas. C'est de courage qu'il nous faut nous munir : nous avons toute notre maison humaine à reconstruire, où ils n'auront plus leur place.

Je me suis réveillé sur une lettre, écrite d’une main maladroite sur une feuille de cahier, à l’encre violette. 
Une lettre non signée mais avec quelques pâtés de larme qui en avaient fait couler l’encre.
Elle disait : ici nombreux sont les juifs qui se plaignent du sort qui leur est imposé.
Juste avant, je ne me rappelle plus avec qui j’étais, sur un boulevard qui ne m’était pas inconnu et je disais : « ici c’est le boulevard de la torture »…

Car réfléchir, c'est déjà agir...
Alors, je réfléchis et plus je réfléchis plus je tempère les propos alarmistes, les informations qui ne cessent, avec un ton compassé, d’aligner les morts et les contaminés, histoire de nous conforter dans nos terreurs.

Nous avons tant connu de mensonges, tant avalé de couleuvres, comment s’étonner qu’à un soulèvement réponde un confinement.
La peur a changé de camp.
Ils n’ont d’autre méthode que la détention pour faire face.
Le soulèvement pourrait n’en être que plus profond, à l’image du Krakatoa, passé du silence à l’explosion.


Xavier Lainé

11 avril 2020

1 commentaire: