mercredi 8 mars 2023

Homme (ou femme) mais humains (peut-être) 17

 



XL - Enigmatiques assises 1


L’Homme de février s’exprime ainsi : « Il y a ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Rares sont les vrais échanges, ceux que les anthropologues nomment dons et contre-dons. »

Rares sont les vrais échanges, car nous vivons ce temps étrange.

Un temps qui exacerbe les individualismes au dépends des dons.

« Tout pour moi et rien pour les autres », telle serait la maxime de ce temps.

L’Homme de février s’inscrit en faux dans l’évolution qui s’est faite au fil de sa vie.

Il n’a jamais su faire passer sa propre fortune au-dessus de la nécessité de donner sans rien exiger en retour.

Comme il n’a jamais exigé, il n’a que très peu reçu.

Mais ce qu’il a reçu se bâtit sur un principe de satisfaction profonde de n’avoir jamais transigé avec le mal du siècle.

Vivant pour donner aux autres sans compter, l’Homme de février n’est jamais entré en ce monde.

Il n’a pu que vivre en retrait, se satisfaisant de peu. 

Parfois un élan de tendresse vient qui lui est bien plus essentiel que toutes les reconnaissances « officielles ».

« Un élan de tendresse, une bouffée d’amour valent bien mieux que les monnaies et autres chiffres d’affaire » se dit-il au tréfonds de lui-même.


L’Homme de février a mis longtemps à apprendre l’effacement et le retrait.

C’est pourtant en ces lieux discrets aux antipodes du bruit que fond les médiatiques personnages qui s’agitent sous ses yeux qu’il demeure, le coeur toujours à vif d’aimer.


(17 février 2023 — 1 — 6h53)


°


« Une action bienveillante nous amène à considérer avec amour la vie dans son ensemble. Elle nous aide à mûrir et nous rend meilleur⁠1. »


N’attendant rien, l’Homme de février observe.

Il voit bien la souffrance exprimée de n’avoir rien à offrir en retour du don.

Il voit bien l’impossible et la retenue.

Il entend le bruit que fait le vide.


Il accueille ce vide avec bienveillance.

Alors les lumières de la compréhension s’éclairent.


On apprend si peu à donner et tant à recevoir.

On apprend si peu à être vivant parmi d’autres.

On apprend si peu ce chaleureux échange de vivant à vivant.

Cet échange de vie à vie qui la rend possible et durable.


L’Homme de février s’endort parfois le coeur lourd.

Mais vibrant de ces mille partages qui disent que la vie n’a pas dit son dernier mot.


(17 février 2023 — 2 — 19h45)


Xavier Lainé




1 Arne Naess, La réalisation de soi, éditions Wildproject, 2017

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