samedi 4 mars 2023

Homme (ou femme) mais humains (peut-être) 13

 



XL - Enigmatiques assises 1



« Austères et modestes, nous devons mener à bien notre tâche, le plus diligemment possible, sans nous laisser distraire, ne serait-ce qu’une minute, de sa finalité essentielle. Nous n’avons reçu qu’une vie pour l’accomplir, et une vie, ce n’est guère plus que le temps de cette évocation⁠1. »


L’Homme de février vit en retrait.

Il ne se reconnaît dans aucun parti, aucune loge, aucun cénacle.

Il souhaite simplement qu’enfin l’humain sorte grandi du tumulte.

Ça n’en prend pas le chemin, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais parfois il faut plonger dans le pire des chaos pour enfin recentrer les esprits sur l’essentiel : vivre.

C’est court une vie, c’est trop court.

L’Homme de février en a pris conscience depuis longtemps.

Il sait qu’il n’aura pas le temps d’accomplir ce pourquoi il se sentait fait.

Qu’il lui faudra bien un jour tirer sa révérence.

Que pour le moment, lorsqu’il se retourne sur le chemin parcouru, il n’a pas de quoi être fier.

Le leg sera redoutable et l’héritage lourd à porter sur les épaules de sa descendance.

Parfois il s’en excuse.

Parfois il s’endort d’un sommeil agité.

D’autres fois, contemplant ses actes, il s’endort du sommeil du juste.

Mais sans la conviction de l’avoir été un jour, juste.

Ou du moins jamais assez.

Puisque, malgré ses colères et ses revendications, on se noie toujours un peu partout, on tend des mains tremblantes sur les trottoirs de l’hiver, on s’éteint dans d’indicibles souffrances, esquinté par une vie de labeur surexploitée.

L’Homme de février, la journée finie, voudrait trouver un apaisement impossible. 


(13 février 2023 —1 — 21h39)


Xavier Lainé



1 Miguel Torga, L’universel, c’est le local moins les murs, éditions William Blake and Co, 2008

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