lundi 23 octobre 2023

Patience & langueur des temps 30

 



XL-La femme assise, Karl-Jean Longuet (1922)




« L’accoutumance à l’image isole l’individu et lui propose des simulacres d’autrui. Plus je suis dans l’image, moins je suis investi dans l’activité de négociation avec autrui qui est en retour constitutive de mon identité. »

 Marc Augé, Qui donc est l’autre ? Éditions Odile Jacob, 2017


L’oeil rivé sur l’image sans le son

Plus qu’image

Pas grand chose derrière

L’esthétique en prime

Rien d’autre


On surfe

On nage

Emporté par la houle

Roulé dans les vagues

Sans l’âme


Au dernier jour

On entre par la porte tombée

En l’automne des temps

Qui se fait été indien

Tarde à rafraîchir

Une atmosphère en surchauffe


On se perd

Dans le dédale

On ne sait 

Quel Minotaure

Nous attend


Il nous attend pourtant

Là tout au bout

D’une vie emportée

Comme fétu

À la surface des choses


*


Tant de relations qui se nouent et se dénouent

Au mitan des places et des rues


Tant de choses dites et redites

Qui ne sont que redites


Tant de bousculades

De gens pressés


Tant


Tant qu’éberlué

Ne sais où me placer

Solitaire acharné

Voir les groupes se former

Se déformer

S’assoir en terrasse


Tant de choses à se dire

Qu’en semaine harassée

Sont impossibles à dire


Depuis si longtemps

Mes pas arpentent la ville

Mais toujours solitaire

Ne sais vers qui me rendre

Qui serait de doux accueil

Pour mon silence nécessaire


Plus facile 

Me mettre devant la page blanche

Laisser traîner mes doigts

Sur le clavier des soupirs

Ouvrir la fenêtre

À l’automne des mots perdus

Qu’à m’assoir à vos tables

Sans savoir quoi vous dire

Si parole serait même possible

Tant pensées se bousculent

Au portillon de mon crâne


Dès lors m’en retourne silencieux

Avec parfois petit serrement de coeur

De ne pas savoir être 

De votre bonne compagnie



Xavier Lainé

30 septembre 2023



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