samedi 7 octobre 2023

Patience & langueur des temps 14

 



XL-La femme assise, Karl-Jean Longuet (1922)




Est-ce pour éviter de voir

Que nous nous agitons tant 

Et en tous sens

Courant après le futile

Ignorant le profond

Pour n’admirer que la surface

Est-ce


Les mots creusent une brèche

Chaque matin avant que jour ne pointe

Je m’y repose

Dans un lit de feuilles parfois jaunies

J’y puisse la sève de vie

Puis m’en retourne à la modestie de vivre


Un chaton observe la gymnastique de mes doigts

Sur le clavier de l’aube

Un écureuil en suit un autre

Dans le noisetier qui me cache

Aux regards d’une ville assourdie


Un homme

Qu’est-ce qu’un homme lorsqu’il se vante

Lorsqu’il ne rêve que de pouvoir

Ou de fortune

Sinon cet être misérable de vanité

Qui ne peut que tomber de son trône


Plus dure sera sa chute

Notre commune humanité n’a que faire

De ces abus de pouvoir

De ces soifs inextinguible de puissance

De richesses toujours mal acquises

Nous sommes plus que nos apparences

Derrière le verni de la fortune

Le coeur a du mal à battre

L’esprit s’enkyste


S’il vous plaît

Ne croyez rien de ce que mes mots laissent entrevoir

Ne croyez rien

Creusez votre propre sillon 

De livre en livre 

Laissez vous aller à l’ivresse

D’une connaissance toujours fière

D’échapper aux volontés de possession


Pourtant je ne cesse d’écrire

Ne cesse de publier mes mots 

Dans la discrétion de mes pages cachées

Pour ne pas vous offenser

Pour ne rien dominer ni juger

Juste poser là les pensées fugaces

L’esprit éphémère d’un instant volé

À la vie trépidante qui passe

Sous mes fenêtres ouvertes


Notre grandeur humaine

Réside dans des palais et des temples de papier



Xavier Lainé

14 septembre 2023


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