mercredi 6 avril 2022

La guerre, sans fin 34

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


Alors, je finirai par me taire faute d’avoir les codes d’accès.

Ils ont tenté le QR code, mais le monde, tel qu’il est, est construit autour de ces barrières infranchissables liées à la notoriété.

Il faut en ce monde briller ou mourrir seconde classe faute d’avoir accepté les grades.

On y est gradé ou dégradé selon nos origines ou nos classes.

Il faut y montrer patte blanche pour vendre ses livres.

Il faut y briller par une écriture qui caresse les egos dans le sens du poil.

À défaut on meurt soldat inconnu au fond des tranchées de l’oubli.


Tu peux toujours le refuser, ce monde qui te demande toujours de valider tes accès.

Il paraît même que pour devenir écrivain, il faudrait montrer un master de « création littéraire », ça ne s’invente pas, ça devrait se refuser.

On fait croire que par la voie royale de l’université, nous verrons l’éclosion des talents.

Avez-vous remarqué le peu d’ouvriers dans l’histoire littéraire ?

Il faut être du beau monde et, parfois, avec une certaine condescendance, parler de ce monde tellement dépossédé qu’il ne peut même plus parler de lui-même.

Il reste sans voix et d’autres (Ha ! Les belles âmes !) devront donner leur voix aux sans voix cantonnés derrière la frontière tracée par dame Bonne Fortune.

Il faut être bien né pour apparaître entre les couvertures cartonnées des livres, dans ce monde au QR code bien poli.

Il ne faut pas jeter un pavé dans la mare de la filière livre soutenue par les mêmes financiers qui étranglent les sans voix.

Si tu ne vis pas du bon côté des barbelés médiatiques, tes rares livres seront voués au pilon, à défaut de briller au pinacle de la célébrité.

Tu finis alors par te taire, t’endormant sur une belle oeuvre posthume.


Xavier Lainé


29 mars 2022 (2)


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