vendredi 1 avril 2022

La guerre, sans fin 29

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


Ceux qui trop supportent et qui, à force de supporter, finissent par ne plus pouvoir.

On est si seul face au grand plongeon dans la misère que, parfois, ne reste plus qu’à se faire oublier.

Les autres, le nez dans le guidon, n’attendent que ça, t’oublier.

Et puis un soir tu t’endors, nul ne saura de quelle overdose sera alimenté ton long sommeil.

Si long qu’il devient lui-même cette overdose.

Tu ne te réveilles pas.


C’est ainsi qu’en pays riche on meurt sous les cartons qui brûlent.

Qu’ailleurs on se noie dans l’allégresse de fol espoir.

Femmes, hommes, enfants, combien qui passent de vie à trépas sur nos trottoirs bien propres, au large de nos plages de vacances, dans leur petit appartement silencieux.

Combien que le silence accompagne dans un au-delà qu’ils n’auraient jamais cru atteindre.

On ne choisit pas sa misère.

On ne choisit pas non plus d’errer en quête de mains tendues, on ne choisit pas de trépasser dans l’indifférence.


Sinon qu’il semble que les sinistres gouvernants fassent encore des différences.

Il y a les bons morts et les mauvais, ceux pour qui on verse une larme en passant, ceux dont on éloigne le cadavre d’un pied méprisant.

C’est ici que commencent les guerres sans fin : dans ce silence pesant juste vrombissant de mouches.

Dans la fuite éperdue, la soif de solidarité passée en pertes et profits d’un monde qui ne sait que calculer le deuxième terme, faisant supporter le premier à ceux qui déjà trop supportent et s’enfoncent.


Xavier Lainé


27 mars 2022


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